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ALLOCUTION PRONONCÉE PAR MONSIEUR FRANÇOIS TAVENAS, RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, À L'OCCASION DE LA COLLATION DES GRADES DES FACULTÉS DE MÉDECINE, DE MÉDECINE DENTAIRE, DE PHARMACIE ET DES SCIENCES INFIRMIÈRES, LE SAMEDI 9 JUIN 2001, À 15 H, AU STADE COUVERT DU PEPS DE L'UNIVERSITÉ

Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs les Récipiendaires d'un doctorat honorifique,
Madame et Messieurs les Professeurs émérites,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,

Pour mes collègues et moi, membres de la Direction et du corps professoral de l'Université Laval, ces sept séances de collation des grades qui s'amorcent cet après-midi, sont toujours vécus comme des moments à la fois émouvants et stimulants. Émouvants, parce que nous avons devant nous ceux et celles qui tiennent l'avenir de la société entre leurs mains. Stimulants, parce que nous avons la preuve tangible que la mission première de l'Université a été accomplie, soit la formation de personnes compétentes, capables de contribuer au développement de la société et au bien-être de leurs concitoyens.

Pour nous tous réunis dans cette salle, qui que nous soyons, un mot je pense peut résumer le sentiment qui nous anime aujourd'hui, c'est le mot fierté.

Je veux m'adresser d'abord à vous, chers diplômés, pour vous dire que l'Université est fière de vous. J'espère que vous aussi, vous êtes fiers de vous. Vous vous êtes fixé un idéal élevé. Vous avez fait preuve de détermination, d'intelligence, de courage même, et ce, dès vos études collégiales, puisque vous avez alors choisi de vous inscrire à un programme universitaire contingenté. Vous récoltez aujourd'hui le fruit de ces efforts soutenus. Les longues heures d'étude, de travail en laboratoire et de stage de formation clinique sont choses du passé et, dans quelques instants, vous aurez en main la preuve de votre réussite.

Ce diplôme est le garant de l'excellente formation que vous avez acquise à l'Université Laval. Il sera reconnu partout dans le monde. D'ailleurs, le monde est un mot qu'on emploie de plus en plus souvent à l'Université Laval depuis quelques années. Notre université se situe en effet à l'avant-garde des universités québécoises et canadiennes pour l'internationalisation de ses programmes. Un vigoureux coup de barre a été donné en ce sens dans la foulée de la reconfiguration des programmes qui a permis d'offrir une formation plus polyvalente. L'Université Laval a répondu ainsi à une demande sociale réelle, entre autres des organismes et entreprises qui avaient besoin de personnel capable d'intervenir utilement sur la scène internationale. Pour concrétiser cette orientation, l'Université a noué des alliances avec des universités étrangères choisies pour la qualité de leurs programmes et leur intérêt à organiser des échanges d'étudiants. Dans le cadre de ces ententes, nombre d'entre vous ont fait un séjour d'études ou un stage à l'étranger et votre formation en a été enrichie d'autant.

Je veux ici féliciter les étudiantes et étudiants qui ont participé à un stage international d'aide humanitaire. Tout en mettant en pratique ce que vous avez appris ici, vous avez offert des soins de qualité à d'autres populations et vous avez contribué à l'exportation de l'expertise québécoise. L'expérience unique que vous avez vécue, les organismes comme Médecins sans frontières la trouveront précieuse, si un jour vous décidez de vous diriger vers l'aide humanitaire.

Cette année, nous remettons les premiers diplômes portant la mention "profil international". Pour les finissants en ergothérapie et en pharmacie qui en seront les titulaires dans quelques minutes, ce diplôme sera un atout supplémentaire pour conquérir le marché du travail. Pour l'employeur qui prendra connaissance d'un diplôme ainsi qualifié, cela signifie que la ou le titulaire pourra intervenir sur la scène internationale, ayant acquis une connaissance fonctionnelle d'une deuxième langue et effectué un stage ou poursuivi une partie de ses études dans un pays étranger.

Créé en 1998, le Bureau international assure la mise en place du profil international et offre des services de soutien administratif et financier aux étudiants et aux professeurs responsables de la mise en place du profil dans leur unité.

Au cours des prochaines années, de plus en plus de programmes seront imprégnés de cette couleur internationale qui, je l'espère, deviendra la marque de commerce de l'Université Laval. Nous pensons qu'en adoptant ce cheminement, nos diplômés seront mieux armés pour relever les défis qui les attendent dans leur vie professionnelle. Où que vous amène votre carrière, dans un pays étranger ou dans votre pays, ces défis sont nombreux.

Dans les professions que vous avez choisies, le premier de ces défis est le respect de la dignité humaine. Je ne crois pas qu'il y ait de professions où les valeurs humaines occupent une place aussi importante. Vous vous destinez à des pratiques diverses - médecine, médecine dentaire, pharmacie, physiothérapie, ergothérapie, sciences infirmières - mais vous avez la même préoccupation : la qualité des soins. Or, l'amélioration de la qualité des soins soulève souvent des questions éthiques fort troublantes et ce, depuis toujours. Quand Hippocrate insistait auprès des médecins sur l'importance "de ne surtout faire aucun mal" à leurs patients, il touchait à un aspect fondamental de la bioéthique.

Aujourd'hui, les progrès de la technologie médicale bouleversent notre vision de la santé et de la vie. Vous serez interpellés sur les problèmes d'accès aux soins de santé, de privatisation des soins de santé, de confidentialité des renseignements personnels désormais informatisés, de salubrité de l'environnement. Vous aurez à vous pencher sur les répercussions du vieillissement de la population sur notre système de santé. Vous aurez aussi, de plus en plus, à intervenir dans la difficile question de l'efficience et du contrôle des coûts de ce système. À titre de professionnels de la santé, vous aurez donc un rôle considérable à jouer pour assurer le bien-être de vos concitoyens et le développement harmonieux de la société.

De plus, vous vivrez dans un monde dont le trait caractéristique sera sans contredit le changement. Il faudra donc que vous soyez prêts à l'adaptation continue, adaptation aux nouvelles connaissances, aux nouvelles technologies, aux nouveaux modes d'organisation des services, adaptation aussi aux nouvelles pathologies, aux nouvelles préoccupations sociales, au contexte économique changeant. Ce que vous avez appris ici représente une petite partie de ce que vous pouvez apprendre, mais vous avez appris à apprendre, qualité essentielle pour réussir dans ce contexte de changement.

D'ailleurs, nous comptons sur vous pour nous faire part de ces changements qui toucheront vos professions pour que nous puissions, dans les années à venir, adapter nos programmes de formation. C'est à cette seule condition que l'Université pourra maintenir le niveau d'excellence sur lequel repose sa réputation.

Présentation des professeurs et professeure émérites

Maintenir l'excellence de la formation et de la recherche est en effet notre plus grande préoccupation. Et c'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez quatre professeurs en leur décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous les présenter sans tarder.

Le Dr Claude Bouchard a pris sa retraite de l'Université Laval après 35 années de service. Sa carrière, à l'Université Laval, a été marquée par une capacité exceptionnelle à cibler des thèmes de recherche hautement prioritaires dans les domaines de la génétique de l'obésité et de l'adaptation à l'exercice physique. De fait, les études innovatrices et audacieuses menées par Claude Bouchard, notamment auprès de jumeaux identiques, permettent d'établir qu'il existe une grande hétérogénéité dans la capacité d'adaptation des individus à l'exercice physique et les gènes jouent un rôle important dans l'explication de ces différences. Avec la publication de plus de 600 articles scientifiques et la présentation de plus de 600 conférences dans 25 pays différents, il s'est acquis une réputation internationale dans ces deux sphères d'activité. Cette contribution exceptionnelle à l'avancement des connaissances a d'ailleurs été reconnue par de nombreux honneurs et récompenses, notamment l'attribution de la Chaire de recherche Donald B. Brown sur l'obésité, la première du genre en Amérique du Nord. Le professeur Bouchard a également participé de façon très active à la formation de nombreux chercheurs. Sa renommée a attiré plusieurs chercheurs post-doctoraux ou visiteurs en année sabbatique. Les succès du professeur Bouchard ont rejailli sur l'Université Laval et ont certainement contribué à accroître la visibilité de notre établissement sur le plan international. Claude Bouchard poursuit aujourd'hui sa carrière en dirigeant l'un des plus grands centres de recherche américains, mais il a gardé des liens fructueux avec ses collègues de Laval et avec notre université. Merci, Claude Bouchard.

Le Dr Gilles Dagenais a fait ses études de médecine à l'Université de Montréal et à l'Université McGill et poursuivi sa formation à l'Université Johns Hopkins. C'est en 1971 qu'il entreprend sa carrière de professeur de notre université, en même temps qu'il est recruté comme cardiologue à l'Institut de cardiologie de Québec, établissement dont il deviendra le directeur après y avoir présidé au démarrage de la recherche clinique et fondamentale. En 1991, l'Université de Montréal lui offre de prendre la direction du Département de médecine, défi qu'il accepte de relever et qui le mène au titre de professeur émérite de cette université en 1999. La renommée du Dr Dagenais dans le domaine de l'hémodynamie et de la recherche en cardiologie a dépassé depuis longtemps nos frontières : il a présidé plusieurs associations professionnelles internationales et a siégé à des comités scientifiques ou gouvernementaux dans le domaine des maladies cardiovasculaires. Il est membre de comités de lecture ou de rédaction de plusieurs revues internationales et a occupé des fonctions importantes au sein des grands organismes subventionnaires du Canada. À la plus grande joie de ses collègues de la vieille capitale, le Dr Gilles Dagenais est aujourd'hui de retour à l'Institut de cardiologie de Québec. Dr Dagenais, l'Université Laval est ravie de vous attribuer le titre de professeur émérite.

Mme Colette Gendron est professeure titulaire retraitée de la Faculté des sciences infirmières de l'Université Laval depuis 1998. Par ses nombreuses réalisations professionnelles, Mme Gendron a contribué de façon admirable à l'avancement de la cause des femmes et à celui des sciences de la santé. Infirmière de profession, Mme Gendron est d'abord une scientifique renommée et une auteure prolifique dont l'influence dépasse le cadre universitaire québécois et canadien. Les milieux communautaires, les associations professionnelles et bénévoles, les organisatrices de colloques nationaux et internationaux ont souvent sollicité ses conseils et sa collaboration. Mme Gendron n'a jamais hésité à s'engager pour les causes sociales qui lui tiennent à cœur. Elle a été membre du comité d'études qui a donné lieu, en 1980, au rapport intitulé "L'Université Laval au féminin" et membre du comité des griefs du Syndicat des professeurs et professeures de l'Université Laval. Elle a été honorée à double titre pour le livre La mort, condition de la vie, qu'elle a cosigné avec Micheline Carrier : les auteures ont obtenu le prix de la ministre de l'Éducation pour la contribution générale du livre à l'avancement de la condition féminine de même qu'une mention pour sa valeur pédagogique dans la formation universitaire de premier cycle. Mme Gendron a accompagné des générations d'étudiantes et d'étudiants et les a influencés par sa réflexion scientifique et son engagement. Elle a été cofondatrice du Groupe de recherche multidisciplinaire féministe (GREMF) de l'Université Laval, coprésidente du comité d'élaboration d'une maîtrise en études féministes et présidente du comité directeur de la Chaire d'étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes. Merci, Mme Gendron.

Après ses études à la Faculté de médecine de l'Université Laval en 1958, le Dr André Villeneuve a passé plusieurs années aux États-Unis et en Europe afin de poursuivre ses études en psychiatrie avec des professeurs pionniers de la recherche en biochimie du système nerveux. À son retour au Québec en 1967, il continue de travailler activement dans le domaine de la recherche clinique en psychiatrie, mettant sur pied des activités structurées dans ce domaine au Centre hospitalier Robert-Giffard. Il a grandement contribué à la généralisation de l'emploi du lithium comme agent thérapeutique en psychiatrie. Il collabore depuis environ 15 ans à une étude sur la recherche d'un marqueur génétique dans les troubles affectifs de type maniaco-dépressif. Pendant plus de deux décennies, il a contribué à l'initiation et à la formation de jeunes chercheurs à la recherche. Outre ses travaux d'enseignement et de recherche, le Dr Villeneuve est resté actif dans le domaine clinique auprès des patients psychiatriques. Il a aussi occupé des postes de direction au Centre hospitalier Robert-Giffard et siégé à des organismes prestigieux, tel le Bureau des examinateurs en psychiatrie du Collège royal du Canada. Il est membre de nombreuses sociétés scientifiques nationales et internationales et a signé plus de 150 publications scientifiques. Il serait trop long d'énumérer ici tous les prix et les honneurs dont il a été gratifié. Par ses travaux scientifiques, ses nombreuses publications et son enseignement tant en psychiatrie qu'en neuropsychopharmacologie, il a contribué de façon remarquable à l'amélioration des techniques de traitement et des soins aux malades mentaux au Canada comme à l'étranger. Le Dr Villeneuve a pris sa retraite de l'Université Laval il y a quatre ans, mais il maintient des activités professionnelles axées surtout sur la psychiatrie médico-légale et la recherche. Dr Villeneuve, l'Université Laval veut vous dire merci pour toutes ces réalisations.

Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de votre compétence, je veux vous féliciter, Madame et Messieurs, et vous remercier sincèrement pour votre dévouement envers votre faculté et votre université.

L'Université Laval décerne aujourd'hui également un doctorat d'honneur ès sciences au Dr Henry Friesen, endocrinologue, administrateur universitaire, ancien président du Conseil de recherches médicales et grand architecte des Instituts de recherche en santé du Canada et, aujourd'hui, président du Conseil d'administration de Génome Canada, et au Dr Michel Portmann, oto-rhino-laryngologiste et professeur honoraire de l'Université de Bordeaux II. L'Honorable Yves Morin, sénateur, et le Dr Marc Desmeules, doyen de la Faculté de médecine, présenteront dans quelques minutes ces deux éminents scientifiques que l'Université se réjouit d'accueillir parmi ses diplômés.

Il est temps de clore ce discours, car je crois sentir votre impatience de tenir enfin le diplôme que vous méritez. Chers diplômés, je vous offre mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable. J'associe à cet hommage tous ceux et celles qui vous ont appuyés dans votre cheminement et qui participent aujourd'hui à votre succès: vos parents, votre conjoint, vos amis et, bien sûr, vos professeurs et tout le personnel de l'Université. Ce sont eux qui ont facilité cette étape de votre vie et qui ont fait de l'Université Laval un milieu d'apprentissage stimulant.

Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation sans faille. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête. Je vous souhaite un avenir heureux et rempli de succès au service de vos concitoyens et de toute la société.

 
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