ALLOCUTION PRONONCÉE PAR M. FRANÇOIS TAVENAS, RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, À LA RÉCEPTION EN L'HONNEUR DES NOUVEAUX PROFESSEURS TITULAIRES, LE MARDI 29 JANVIER 2002, À 17 H, AU CERCLE DU PAVILLON ALPHONSE-DESJARDINS

Mesdames et Messieurs les nouveauxTitulaires,
Messieurs les Vice-recteurs,
Messieurs les Présidents de Commissions
Mesdames et Messieurs les Doyens,
Chers collègues,

Cette réception organisée chaque année en l'honneur des professeurs qui ont reçu leur titularisation est toujours pour moi un moment agréable. Je suis sûr qu'elle l'est aussi pour chacun et chacune d'entre vous.

C'est un moment agréable, mais c'est aussi un moment important, pour vous comme pour nous.

Elle nous donne à nous, les membres de l'équipe de direction et les doyennes et doyens, l'occasion de féliciter chaleureusement ceux et celles de nos collègues qui, grâce à la qualité de leur travail, ont accédé au plus haut rang universitaire. Vous êtes 49 cette année à franchir cette étape cruciale d'une carrière professorale.

Être promu titulaire, c'est voir reconnus par ses pairs l'excellence de ses activités de professeur et de chercheur, sa disponibilité à l'égard des tâches de participation et le caractère remarquable de sa contribution à sa discipline, à sa profession et à la société. Ce n'est pas banal! Comme ceux qui vous ont précédés, vous avez sans doute accueilli la nouvelle de votre promotion avec une fierté bien légitime.

L'Université Laval a connu, au cours des dernières années, une évolution remarquable, malgré un contexte budgétaire très difficile.

Vous avez été les acteurs centraux de cette évolution qui se décline

• en nouveaux programmes à l'image de ces baccalauréats intégrés en lettres ou en sciences sociales;
• en nouvelles approches pédagogiques, comme le projet Ulysse;
• en collaboration accrue avec les cégeps, qui font de l'Université Laval un chef de file en la matière au Québec;
• en taux de diplomation qui nous placent en tête de file des universités francophones, comme le soulignait l'an dernier le ministre de l'Éducation;
• en développement de l'ouverture internationale de nos programmes, notre profil international étant en voie de faire de nous un modèle au Québec, au Canada et dans plusieurs parties du monde;
• en croissance considérable, plus de 40% depuis 4 ans, de nos subventions et contrats de recherche.

Si nous avons réalisé tous ces progrès en même temps que nous devions faire face à une réduction substantielle de nos ressources, c'est parce que vous avez investi votre énergie, votre temps, votre créativité dans le développement de votre faculté et de votre université, et je veux vous exprimer ici toute notre appréciation et notre reconnaissance.

Vous jouissez déjà, certains d'entre vous depuis longtemps, d'une renommée qui s'accompagne d'un engagement au sein de la société. Cet engagement, vous le réalisez de multiples façons, entre autres par la parole, la critique. Ce n'est pas à vous que j'enseignerai l'importance de vos interventions, mais il n'est pas inutile de rappeler que cette liberté d'expression est au cœur du bon fonctionnement de toute société démocratique.

Cet aspect de votre influence me rappelle une réflexion de Pierre Bourdieu, l'un des sociologues français les plus écoutés, décédé la semaine dernière, qui disait ceci : "Il n'y a pas de démocratie effective sans vrai contre-pouvoir critique. L'intellectuel en est un, et de première importance. Ce que je défends, c'est la possibilité et la nécessité de l'intellectuel critique." Fin de la citation.

En intervenant sur la place publique pour éclairer, par votre expertise, les débats de plus en plus complexes, vous fournissez des preuves tangibles de la valeur des professeurs-chercheurs de carrière. En faisant entendre votre voix, vous contribuez à changer la perception de tour d'ivoire dont l'université fait encore l'objet. En exprimant haut et fort votre opinion experte, vous servez d'exemple à vos collègues plus jeunes et aux étudiants. Égoïstement, j'ajouterai à cette énumération que votre présence fortement affirmée dans la collectivité contribue au rayonnement de l'Université. En la faisant connaître comme un milieu stimulant d'intellectuels et de créateurs, vous contribuez à faire de l'Université Laval un lieu où d'autres professeurs seront attirés à travailler.

Je suis convaincu que l'Université Laval est bien outillée pour affronter les prochaines années grâce à la qualité de son corps professoral. J'en veux pour preuve, entre autres, les nombreux prix et distinctions qui ont été décernés à nos professeurs au cours de l'année. La plupart d'entre vous êtes encore très jeunes. Vous avez de nombreuses années de service à offrir à la société pour développer de nouvelles connaissances et former la relève. Bien sûr, la titularisation marque l'atteinte d'une certaine maturité dans l'exercice de la fonction de professeur d'université, mais elle ouvre aussi la perspective de nombreuses années productives en enseignement, en recherche et en création.

Je souhaite à vous tous et à l'Université Laval que vous gardiez toujours la passion de votre métier et que vous conserviez l'enthousiasme.

Encore une fois, félicitations, merci et surtout bon succès dans votre œuvre de formation, de recherche et de création!