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ALLOCUTION DE M. FRANÇOIS TAVENAS, RECTEUR DE L'UNIVERSITÉ LAVAL, À LA CONFÉRENCE DE PRESSE CONCERNANT L'ANNONCE DES CHAIRES DE RECHERCHE DU CANADA, LE JEUDI, 4 JUILLET 2002, 14H30, À LA SALLE LE CERCLE DU PAVILLON ALPHONSE-DESJARDINS.

Monsieur le Secrétaire d'État,
Monsieur le Directeur général du Programme des Chaires de recherche du Canada,
Madame la députée de Louis-Hébert,
Monsieur le vice-recteur à la recherche,
Chers collègues Paule Halley et Paul Nacache,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Je suis très heureux de participer cet après-midi à cette annonce des Chaires de recherche du Canada, et cela, pour plusieurs motifs. Tout d'abord, elle nous donne l'occasion de recevoir à l'Université Laval notre bon ami, le Secrétaire d'état et député de Beauce, Claude Drouin, dont les visites régulières à l'Université Laval témoignent de sa compréhension du rôle incontournable de notre établissement dans le progrès social, économique et culturel de notre région, de notre société et de notre pays.

En second lieu, cette annonce de Chaires de recherche permet d'honorer publiquement cinq chercheurs qui obtiennent ensemble quelque 5,9 millions, soit 5,2 M$ du programme des Chaires de recherches, et 700 mille dollars de la FCI : il s'agit de Madame Paule Halley, de la Faculté de droit, de Messieurs Paul Naccache en Biologie cellulaire, Guy Poirier en Biochimie, Warwick Vincent en Évolution et écologie et Maurice Levasseur, en océanographie.

Je les félicite chaleureusement : l'octroi de ces Chaires de recherche est une reconnaissance de la haute qualité de leurs travaux scientifiques, en même temps qu'il leur donne des moyens accrus d'affirmer leur place sur les scènes scientifiques nationales et internationales et de contribuer au développement des connaissances.

Troisièmement, et au risque de me répéter une fois de trop, l'annonce de cet après-midi me permet encore une fois de souligner à quel point le gouvernement du Canada a réussi, face au défi de la recherche scientifique canadienne, à "appuyer sur tous les bons boutons".

Qu'il s'agisse en effet de la création des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation canadienne pour l'innovation, du programme des Chaires de recherche du Canada, de l'augmentation des budgets des organismes subventionnaires ou, tout récemment, d'une amorce de financement des frais indirects de la recherche, les investissements du gouvernement du Canada en soutien à la recherche universitaire ont été massifs ces cinq dernières années. Les universités canadiennes ont vu ainsi s'améliorer considérablement leur capacité d'attirer et de retenir des chercheurs de haut niveau, leur donnant les moyens de contrer la dérive vers le sud de nos meilleurs cerveaux.

Je suis heureux que l'annonce de cet après-midi vienne ainsi confirmer encore une fois l'engagement ferme et concret du Gouvernement du Canada envers une recherche de haut niveau dans les universités canadiennes en général, et à l'Université Laval en particulier.

Enfin, comme il s'agit de ma dernière intervention publique comme recteur, je suis heureux d'utiliser cette tribune une ultime fois pour vous redire ma fierté de l'excellence de notre université, excellence qu'elle a réussi à maintenir grâce à ses professeurs et à son personnel, malgré un contexte financier épouvantable au cours des dernières années du siècle dernier, et pour lancer un appel à la mobilisation pour le développement de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Le Gouvernement du Canada a récemment déposé un projet de politique d'innovation qui propose à tous les Canadiens une cible enthousiasmante mais aussi très exigeante : Faire passer le Canada du 15ème au 5ème rang mondial au chapitre de l'intensité de l'effort de R&D. Il va falloir mobiliser toutes nos forces vives et, au premier rang d'entre elles, les grandes universités de recherche comme l'Université Laval, pour former les jeunes chercheurs et monter de nouvelles équipes et des projets qui nous permettront d'atteindre cette cible.

Je veux vous dire haut et clair que l'Université Laval, tous ses chercheurs, tous ses centres de recherches, sont prêts à relever le défi si seulement on nous en donne les moyens.

Pour cela, le Gouvernement du Canada devra poursuivre ses efforts de réinvestissement dans la recherche universitaire. Les études de l'AUCC montrent qu'il faudra plus que doubler les fonds disponibles aux trois grands conseils subventionnaires et poursuivre les investissements dans la FCI et dans les Chaires de recherche du Canada. Il faudra aussi que le Gouvernement du Canada rende permanent le financement des frais indirects de la recherche et l'établisse à un niveau d'au moins 40%.

Un effort tout aussi important sera requis de la part du Gouvernement du Québec pour donner aux universités les moyens d'engager plus de professeurs et de mettre à leur disposition les ressources nécessaires pour qu'ils puissent exercer pleinement leurs talents et former plus de chercheurs.

Après plusieurs années de coupure budgétaires profondes, l'ancien ministre de l'Éducation, Monsieur François Legault, avait réussi à obtenir dans la foulée du Sommet du Québec et de la Jeunesse de février 2000 un financement additionnel qui a été le bienvenu, certes, mais qui, lorsqu'il parviendra à son terme l'an prochain, n'aura pas tout à fait permis aux universités québécoises de retrouver le niveau de financement gouvernemental provincial qui était le leur en 1994.

Mais il nous faut poursuivre nos efforts pour rétablir pleinement la capacité concurrentielle des universités québécoises sur les scènes canadienne et internationale.
J'invite donc le Gouvernement du Québec à poursuivre activement l'effort de réinvestissement universitaire au-delà des engagements du Sommet du Québec et de la Jeunesse à partir de 2003, et à nous donner les moyens de préparer la relève dans tous les domaines où le Québec peut et doit s'affirmer - les biotechnologies médicales, les nutraceutiques, l'économie de l'environnement, la géomatique, la biophotonique, les omniprésentes homotechnologies, mais aussi et tout autant dans les arts et le multimédia, dans la philosophie et l'éthique, dans l'économie et les sciences politiques, dans la littérature et les langues, dans la sociologie et le développement durable. Une société dont le développement serait centré sur les seules technologies, serait en effet une société orpheline de culture et de pensée sociale, et donc vouée à l'échec.

Je salue les intentions du ministre de l'éducation, Monsieur Sylvain Simard, à l'égard du financement des universités. Je lui souhaite ardemment de convaincre ses collègues du Conseil des ministres qu'un peuple qui veut progresser ne peut avoir qu'une seule vraie priorité " nationale ", celle de l'éducation, et que contrairement à tous les autres secteurs de notre vie en société, on ne " dépense pas " en éducation, on y investit.

Je suis convaincu que nous voulons tous mener notre société dans la voie d'un développement équilibré, vers un avenir prometteur. J'invite donc le Gouvernement du Québec qui a juridiction constitutionnelle sur ce secteur, à poursuivre au-delà d'interventions ciblées l'effort global de réinvestissement dans l'enseignement supérieur.

J'invite aussi le Gouvernement du Canada à se pencher sur la question de la répartition des ressources fiscales et du niveau des transferts aux provinces pour mettre à leur disposition les moyens d'assumer efficacement leurs responsabilités en matière d'éducation et d'enseignement supérieur.

Les deux paliers de gouvernement et la société tout entière doivent se mobiliser pour donner à nos universités les ressources pour préparer l'avenir en développant des recherches et des programmes de formation de calibre mondial dans tous les domaines du savoir qui, des sciences à la culture, en passant par la sociologie et la technologie, devront contribuer au développement d'un pays moderne occupant sa juste place sur la scène internationale.

Je vous remercie.

 
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