Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Récipiendaire d'un doctorat d'honneur,
Messieurs les Professeurs émérites,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,
Tous ceux et celles qui ont l'occasion d'assister aux collations de grades gardent le souvenir d'un grand rassemblement où le plaisir et la fierté se lisent sur tous les visages, autant ceux des finissants que ceux des parents, des membres du corps professoral et des membres de la Direction de l'Université. Pour ma part, je suis particulièrement fier d'être parmi vous aujourd'hui pour célébrer ce moment heureux qui illustre l'accomplissement de la mission de l'Université dans ce qu'elle a de plus nobre et qui marque une étape importante de votre vie. Je veux insister sur le mot "étape", car il faut voir la réception de votre diplôme non pas comme une fin, mais comme un début.
Mes premiers mots seront pour vous dire à vous toutes et tous combien mes collègues et moi nous nous réjouissons aujourd'hui de votre succès. Dites-vous bien que vous avez accompli quelque chose d'exceptionnel. En effet, selon le dernier recensement, 12,2% seulement des Québécois possèdent un diplôme de baccalauréat ou plus. Vous faites partie d'un groupe restreint de la population à qui on demandera beaucoup et qui accomplira beaucoup. Vous nous donnerez Quelques raisons d'espérer, comme le dit le titre d'un film de l'ONF en hommage à Pierre Dansereau, écologiste québécois mondialement reconnu.
Certains d'entre vous continueront leurs études aux cycles supérieurs. Je vous encourage à le faire. La recherche dans vos domaines disciplinaires connaît un développement accéléré. Vous aurez alors la chance de repousser les limites du savoir, de concevoir de nouvelles solutions technologiques, de mettre au point de nouveaux modes de production, bref de construire la base de connaissances et d'innovation dont l'industrie et la société ont besoin. La formation en recherche vous ouvrira également toutes grandes les portes des entreprises dans plusieurs secteurs qui, de la biotechnologie aux télécommunications, en passant par l'environnement, l'informatique ou les nouveaux matériaux, constituent les fers de lance de l'économie du savoir. À l'Université Laval, les subventions importantes qu'ont reçues cette année les groupes et centres de recherche rattachés à la Faculté des sciences et de génie auront des retombées passionnantes pour les étudiantes et étudiants à la maîtrise et au doctorat.
Je voudrais m'adresser maintenant à ceux et celles d'entre vous, la majorité je crois, qui souhaitez amorcer une vie professionnelle et prendre dans la société la place qui convient à vos aspirations et à votre formation. À ce propos, je ne saurais me priver du plaisir de souligner que vous avez choisi des disciplines où, dans l'ensemble, le taux de placement est élevé, tant en sciences pures qu'en sciences appliquées. Vous le savez, les progrès des connaissances dans vos domaines sont fulgurants. De nouvelles sciences et de nouveaux secteurs du génie ont fait leur apparition au cours des dernières années. Pensons, par exemple, aux nanotechnologies, à la génomique, au génie tissulaire, pour ne nommer que ceux-là. À la suite des événements tragiques survenus aux États-Unis l'automne dernier, un nouveau mot est apparu dans le vocabulaire scientifique, le "bioterrorisme". Un biologiste a même été engagé par les Aéroports de Montréal! L'insécurité ressentie au cours des derniers mois ouvre de nouveaux horizons pour l'informatique et les télécommunications, car les entreprises et les organismes voudront désormais disposer à ce chapitre d'infrastructures offrant un très haut degré de sécurité. Par ailleurs, l'environnement est plus que jamais une source de préoccupation, tant sur le plan de l'opinion publique que sur celui de la politique et des réglementations. Les délits environnementaux ne sont plus ignorés par la collectivité. La qualité de l'air ambiant, la qualité des eaux souterraines, le traitement des eaux usées, les organismes génétiquement modifiés font très souvent la une des quotidiens. Tous ces développements sont autant d'ouvertures d'emploi. Voilà votre chance; profitez-en pleinement.
Où que vous conduise votre formation, dans un pays étranger ou ici, les défis seront nombreux. Le premier de ces défis sera sans aucun doute la complexité accrue des problèmes à résoudre. Nous ne pouvons plus découper notre approche de la réalité en petits morceaux distincts. Nous devons penser beaucoup plus globalement que nous avons l'habitude de le faire. Résultat : les spécialistes d'une discipline doivent faire appel à ceux d'autres disciplines pour explorer toutes les facettes d'un problème et, en toute collégialité, trouver la solution adéquate. D'ailleurs, les employeurs exigent de leur personnel une formation plus diversifiée, plus flexible et une bonne dose de créativité. Les diplômés en sciences pures et appliquées doivent donc être bien informés sur la société dans laquelle ils vivent et être sensibles aux dimensions économiques, sociales, politiques, environnementales et culturelles de leur travail. C'est dans ce but que l'Université Laval a reconfiguré ses programmes pour offrir une formation plus polyvalente; c'est dans ce but que nous allons poursuivre nos efforts pour développer les compétences personnelles de nos étudiants en même temps que nous leur transmettons les connaissances de pointe nécessaires pour en faire des professionnels respectés et des citoyens responsables.
D'autres grands défis vous attendent, dans lesquels la dimension éthique prend de plus en plus de place - qu'on pense, par exemple, à la création d'intelligences artificielles, à la manipulation génétique, à la protection de l'environnement. À titre de professionnels, vous aurez un rôle déterminant à jouer pour assurer à la fois le respect des personnes, le progrès de la société et la conservation de notre planète, dans une perspective de développement durable.
De plus, vous vivrez dans un monde dont le trait caractéristique sera sans contredit le changement. Il faudra donc que vous soyez prêts à l'adaptation continue, adaptation aux nouvelles connaissances, aux nouvelles technologies, aux nouvelles méthodes de travail, adaptation aussi aux nouvelles préoccupations sociales, au contexte économique changeant. Ce que vous avez appris ici représente une petite partie de ce que vous pouvez apprendre, mais vous avez appris quelque chose de précieux : vous avez appris à apprendre, qualité essentielle pour réussir dans ce contexte de changement. Vous pourrez alors compter sur l'Université Laval pour vous soutenir dans vos efforts de formation continue et de mise à jour de vos connaissances.
Réciproquement, nous comptons sur vous pour nous faire part dans les années à venir des changements qui toucheront vos professions pour que nous puissions adapter nos programmes de formation. C'est à cette seule condition que l'Université pourra maintenir le niveau d'excellence sur lequel repose sa réputation.
Maintenir l'excellence des programmes de formation et des travaux de recherche est en effet notre plus grande préoccupation. C'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez deux professeurs de votre faculté en leur décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous les présenter brièvement.
Le professeur Michel Fortin n'est malheureusement pas avec nous cet après-midi, mais j'aimerais tout de même dire quelques mots sur lui. Son parcours, au Département de mathématiques et statistique de la Faculté des sciences et de génie a été exemplaire, tant à titre de professeur chercheur qu'à titre d'enseignant.
Dès le début de sa carrière, Michel Fortin met sur pied l'équipe de mathématiques appliquées, dont il est encore le leader incontesté, au Département de mathématiques et de statistique de la Faculté des sciences et de génie. Il fonde et dirige, jusqu'à sa retraite de l'enseignement à l'automne 2000, le Groupe interdisciplinaire de recherche en éléments finis (GIREF), qui réunit des mathématiciens et des ingénieurs de plusieurs disciplines dans le domaine de la modélisation numérique. Ce regroupement de praticiens et de fondamentalistes, unique au Québec, favorise l'interaction avec le milieu industriel.
Chef de file international dans le domaine de la méthode des éléments finis pour la résolution d'équations aux dérivées partielles, il publie quatre livres, plus de 70 articles dans des revues scientifiques et une cinquantaine d'autres dans des comptes rendus de conférence. Au-delà de ses écrits, Michel Fortin a été et est encore le véritable maître à penser de toute la communauté des spécialistes québécois de l'analyse numérique et des éléments finis.
Depuis septembre 2000, Michel Fortin poursuit ses activités de recherche dans le domaine de la modélisation numérique, dans le cadre des projets du Groupe interdisciplinaire de recherche en éléments finis à la Faculté des sciences et de génie, tout en pratiquant assidûment ses deux autres passions: la voile et le clavecin.
J'invite le doyen de la Faculté, M. Michel Pigeon, à recevoir la plaque et je le prie de la remettre à Michel Fortin avec l'expression de nos sincères remerciements.
Dès le début de sa carrière, Louis Legendre se joint au Groupe interuniversitaire de recherches océanographiques du Québec (GIROQ). Il y étudie l'influence des courants et du mélange vertical des masses d'eau sur la production de plancton végétal et de plancton animal, c'est-à-dire les organismes à la base des chaînes alimentaires des océans. Il s'intéresse aussi au rôle de la production biologique océanique dans l'absorption du carbone atmosphérique responsable de l'effet de serre et du réchauffement climatique.
Ses recherches le conduisent du Saint-Laurent à l'Arctique canadien, de la mer du Groenland à la mer d'Okhotsk au Japon, au golfe du Maine, à l'Atlantique équatorial et aux récifs coralliens de Polynésie.
Louis Legendre s'associe aux meilleures équipes de recherche en océanographie au pays et à l'étranger et il contribue à la mise sur pied de nombreux grands projets nationaux et internationaux. L'ampleur de sa réputation nationale et internationale en fait une véritable figure de proue pour l'Université Laval. Au cours des 30 dernières années, il publie près de 200 articles dans les meilleures revues du domaine océanographique. À cette production déjà enviable, il faut ajouter la publication de 14 livres et chapitres de livres, d'une trentaine de rapports de recherche et au-delà de 300 allocutions prononcées un peu partout dans le monde.
À plusieurs reprises, Louis Legendre mérite la reconnaissance de ses pairs par l'obtention de nombreux prix prestigieux. Parmi ceux-ci, il faut souligner le prix Marie-Victorin, la plus importante distinction remise par l'État québécois à un chercheur en sciences pures et appliquées, le prix Léon-Lortie de la Société Saint-Jean-Baptiste, la bourse de recherche Killam du Conseil des arts du Canada et les prix Michel-Jurdant et Léo-Pariseau de l'Acfas. Il est également membre de l'Académie des sciences de la Société royale du Canada et récipiendaire d'un doctorat d'honneur de l'Université de Liège.
Depuis sa retraite du Département de biologie de l'Université Laval en 2000, Louis Legendre tient la barre du prestigieux Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer du Centre national de la recherche scientifique en France où il dirige une équipe de 55 océanographes.
Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de leur compétence, je félicite les professeurs Fortin et Legendre et les remercie sincèrement pour leur dévouement envers leur faculté et leur université.
Chers diplômés, voilà deux modèles dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ces professeurs ont un jour commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui. Je vous invite aussi à suivre l'exemple de Frédéric Painchaud, étudiant à la maîtrise en informatique, qui reçoit aujourd'hui la médaille d'or de la Gouverneure générale. Je laisserai à M. André Côté, secrétaire général, le soin de présenter M. Painchaud dans quelques instants.
L'Université Laval décerne aujourd'hui également un doctorat d'honneur ès sciences à M. Jacques Beaulieu, chercheur en optique et laser. M. Roger A. Lessard, directeur du Département de physique, génie physique et optique, présentera dans quelques minutes cet éminent scientifique que l'Université Laval se réjouit d'accueillir parmi ses diplômés.
Il est temps de clore ce discours, car je crois sentir votre impatience de tenir enfin le diplôme que vous méritez. Chers diplômés, je vous offre de nouveau mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable. J'associe à cet hommage tous ceux et celles qui vous ont appuyés dans votre cheminement et qui participent aujourd'hui à votre succès: vos parents, votre conjoint, vos amis et, bien sûr, vos professeurs et tout le personnel de l'Université. Ce sont eux qui, par leur expertise et leur engagement professionnel, ont facilité cette étape de votre vie et qui ont fait de l'Université Laval un milieu d'apprentissage stimulant.
Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation sans faille. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.
Je vous souhaite un avenir heureux et rempli de succès au service de vos concitoyens et de toute la société. Pour conclure, j'emprunte une expression de l'honorable Raymond Chrétien, récipiendaire d'un doctorat honorifique de l'Université Laval : "Allez, le monde vous attend."