Monseigneur l'Archevêque
de Québec,
Monsieur le Maire de la Ville de Québec,
Messieurs les anciens recteurs,
Monsieur le président de l'Association des étudiants
de Laval inscrits aux études supérieures,
Distingués invités,
Mes premier mots seront pour féliciter l'AELIES pour avoir mis sur pied, dans le cadre des célébrations de nos Grandes Fêtes, cette soirée hommage aux fondateurs de notre maison. Dans la lettre que votre association m'a fait parvenir pour m'inviter ici ce soir, vous me demandiez de " m'adresser à l'auditoire afin de partager mon témoignage face aux défis qui attendent maintenant l'Université Laval et ce, à la lumière des réalisations passées et des nouveaux besoins du Québec en terme d'éducation supérieure et de recherche. "
C'est là, vous en conviendrez, un vaste programme à couvrir dans les quelques minutes qui me sont allouées ce soir. D'abord, un mot des " réalisations passées " de notre Université.
Je ne veux pas retomber ici dans tous les poncifs que nous connaissons bien, que vous connaissez peut-être encore mieux que moi. Le regretté historien Jean Hamelin, qui a écrit l'Histoire de l'Université Laval, avait retenu, comme sous-titre de son ouvrage, " Les péripéties d'une idée ". Heureuse trouvaille, car comme le disait Victor Hugo, " on résiste à l'invasion des armées, on ne résiste pas à l'invasion des idées. "
L'Université Laval, contre vents et marées et malgré des difficultés constantes, est devenue en 150 ans une des institutions les plus respectées du Québec et du Canada. Sa réputation, qui repose sur l'action des ses diplômés ici et dans le monde, est tout simplement extraordinaire et, mes prédécesseurs peuvent en témoigner encore mieux que moi encore, cette réputation est enviée. Ce n'est pas l'effet du hasard.
En effet, tout cela est le résultat du travail incessant d'hommes et de femmes passionnés, engagés dans la création et la communication de la connaissance dans tous les champs du savoir à des étudiants et étudiantes tout aussi passionnés. Ce n'est donc pas le fait du hasard si notre établissement est à l'origine de tout l'enseignement supérieur en Amérique. Ce n'est pas non plus le fait du hasard si depuis 54 ans, soit depuis 1948, ce sont des diplômés de notre université qui, pendant la moitié de cette période, soit 27 ans, ont occupé la fonction de premier ministre du Canada. Ce n'est pas, enfin, le fruit du hasard si aujourd'hui, en 2002, l'Université Laval occupe une position enviable parmi les 10 plus importantes universités canadiennes, et si elle est devenu le synonyme d'éducation supérieure à l'international. Le passé de l'Université Laval est et doit être pour nous un motif de profonde fierté.
Pour ce qui est de l'avenir, j'ai pensé vous faire part de ma vision à l'aide de quelques mots clés. Je vous les énumère, avant de les développer rapidement. Ces mots sont : développement, rayonnement, international, 3e cycle, formation de la relève pour l'Université, aménagement de notre campus et son ouverture à la cité.
Le développement, d'abord. Depuis 30 ans, maintenant, notre université s'est engagée dans la voie d'un développement permanent et structuré tant dans son enseignement que dans sa recherche. Sans entrer dans les détails, je peux vous dire que mon prédécesseur, Monsieur Tavenas, m'a légué une institution en bon état de marche, et j'ai l'intention de poursuivre le développement qualitatif de l'Université Laval.
Le rayonnement, maintenant. Notre université ne peut pas se développer si elle ne rayonne pas ici dans sa région, au Québec, au Canada et dans le monde. Nous nous devons de rayonner par la qualité des travaux et des communications de nos professeurs chercheurs et de nos étudiants. Nous nous devons de rayonner dans les congrès et colloques scientifiques qui sont des lieux de progrès du savoir. Nous nous devons d'être présent dans tous les forums régionaux, nationaux et internationaux où nous avons la possibilité de faire mieux connaître, comprendre et estimer l'Université Laval. Nous nous devons enfin de rayonner en accueillant encore plus d'étudiants étrangers chez nous, et en envoyant encore plus de nos étudiants acquérir une précieuse expérience de vie et d'étude à l'étranger durant leur cheminement académique.
Vous comprenez maintenant que j'entends maintenir et si possible intensifier l'engagement de l'Université Laval dans l'internationalisation de sa formation aux trois cycles.
Dans le développement et le rayonnement de notre université, j'attache une importance particulière au développement du 3e cycle. Une des très bonnes nouvelles dans les inscriptions de cet automne, à l'Université Laval, c'est que nos inscriptions à ce niveau d'études supérieures ont augmenté de 3,1 %. Je veux identifier les moyens de poursuivre cette croissance.
Bien sûr, nos étudiants gradués participent au développement et au rayonnement de l'Université Laval. Mais ma réflexion à l'égard de l'importance de développer le 3e cycle repose sur deux grandes préoccupations, l'une sociale, l'autre, universitaire. Ma préoccupation sociale vient du constat maintes fois réitéré du retard du Québec sur sa voisine, l'Ontario, quant à sa proportion de détenteurs de doctorats. Alors que 51 centièmes de un pour cent de la population de l'Ontario possède un doctorat (soit 0,51 %), le Québec n'a que 45 centièmes de un pourcent de sa population (0,45 %) avec le même diplôme. L'écart est significatif, et il constitue un défi pour toutes les universités québécoises, dont la nôtre.
Ma préoccupation universitaire touche l'Université Laval. En effet, nous devons former la relève dont nous aurons un besoin de plus en plus pressant au cours des années qui viennent. Dans son document intitulé " Orientations " publié en septembre dernier, l'AUCC nous indique que d'ici 2011, les universités canadiennes devront accueillir 200 000 étudiants de plus qu'à l'heure actuelle, et qu'au cours de la même période, elle devront embaucher 40 000 professeurs en raison des départs à la retraite, de l'augmentation anticipée des effectifs étudiants et des besoins accrus en matière de recherche universitaire. Oui, nous avons besoin de former la relève dont l'Université Laval a besoin dès maintenant, et aura de plus en plus besoin dans les années qui viennent.
Enfin, un mot de l'aménagement du campus. Comme je l'annonçais dans mon plan d'action au cours de la campagne électorale, je veux mettre rapidement au travail une Commission d'aménagement de notre campus avec l'intention bien claire d'ouvrir ce campus à la cité, à la ville. Ce dont il est question ici, c'est de faciliter l'accès au campus, et non de faciliter le passage rapide sur le campus pour éviter les bouchons de circulation tout autour. Ce dont il est question, ici, ce de rapprocher la ville du campus pour améliorer la qualité de la vie sur notre campus, afin d'y attirer encore plus d'étudiants et de professeurs.
Nos prédécesseurs nous ont laissé un patrimoine immobilier extraordinaire qu'il nous faut protéger et sauvegarder certes, mais qu'il faut aussi savoir mettre en valeur dans le contexte qui veut qu'après avoir déserté le vieux Québec il y a un demi siècle, voilà que par le fait des fusions, l'Université Laval se retrouve à nouveau et pour de bon en plein centre de la nouvelle ville de Québec. Pour le développement et le rayonnement de notre université, nous devrons savoir tirer parti de cette nouvelle conjoncture.
Voilà donc le message que je veux vous livrer ce soir. L'Université Laval est vraiment une uvre extraordinaire, peu banale, qui attend de nous tous le meilleur de nos énergies et de notre intelligence. Je nous convie tous et toutes à uvrer à son progrès pour le plus grand bien de nos étudiants et étudiantes, certes, mais aussi et surtout de la société québécoise qui nous supporte activement et attend de nous les ressources humaines professionnelles dont elle a un besoin permanent.
Je vous remercie.