Madame la directrice du Centre de recherche interuniversitaire
en littérature et culture québécoises (le CRILCQ),
Monsieur le directeur du projet La Vie littéraire au Québec,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis heureux à plus d'un titre de l'invitation qui m'a été faite d'être avec vous ici ce matin, à l'ouverture de ce colloque important sur les régionalismes de l'entre-deux-guerres face à la modernité, et je remercie les organisateurs du colloque pour cette attention à mon égard. Je souhaite la plus cordiale des bienvenues à Québec et dans ce magnifique Musée de la civilisation à tous ceux et celles qui participent à ce moment intense de réflexion sur une question et une période de notre histoire dont l'étude et la connaissance sont loin d'être terminées. Je disais, il y a un instant, mon plaisir " à plus d'un titre " d'être avec vous tous et toutes. Laissez-moi développer un peu cette affirmation.
D'abord, le recteur de l'Université Laval ne peut que se réjouir que ce colloque soit le fruit d'une initiative du Centre de recherche interuniversitaire en littérature et culture québécoises, le CRILCQ, qui regroupe des chercheurs de l'Université Laval et de l'Université de Montréal, et le projet " La vie littéraire au Québec ". L'Université Laval croit profondément à la fécondité des partenariats interuniversitaires comme de ceux qui interviennent entre sa communauté et le milieu externe. Les professeurs d'université ne vivent pas en vase clos; leur activité intellectuelle se nourrit du contact avec leurs pairs et de la réalité qui les entoure.
Autre motif de réjouissance, le colloque qui s'ouvre ici ce matin a un caractère interdisciplinaire très marqué. Or, l'interdisciplinaire ou, si vous préférez, le multidisciplinaire constitue pour moi une priorité car il assure le développement d'une formation de plus grande qualité à l'Université Laval. Dans le Plan d'action que je soumettais à notre communauté l'automne dernier était écrit ceci : " Qu'il s'agisse de la recherche, de la formation ou de la participation aux débats de société, nous devons trouver les moyens de favoriser le décloisonnement. Car non seulement les domaines du savoir connaissent de moins en moins de frontières précises, mais les problèmes auxquels l'humain est confronté nécessitent des approches multidisciplinaires et des réflexions globales. " Fin de la citation. Je note donc avec un grand intérêt le caractère très multidisciplinaire de votre colloque international, où des spécialistes feront part des résultats de leurs recherches sur la littérature, les médias, la peinture, l'architecture, la musique, le vêtement, et j'en passe.
J'ai une autre raison de me réjouir de la tenue de ce colloque international, et ce motif de réjouissance, c'est qu'il démontre une fois de plus l'importance et la vitalité du secteur des sciences humaines et sociales à l'Université Laval. Vous savez que les récentes décennies ont vu littéralement exploser la recherche subventionnée et commanditée dans les universités, et vous savez tout autant que moi que la majeure partie des fonds associés à cette recherche est allée aux sciences pures et appliquées, de même qu'aux sciences de la santé. Parallèlement, il y a trois ans, le Gouvernement du Québec imposait à toutes les universités québécoises la négociation et la conclusion d'un contrat dit " de performance. "
Ce contexte fait craindre à plusieurs de nos collègues l'émergence du concept de l'université " utilitaire, " dans laquelle des disciplines étroitement liées à la formation de professionnels sont jugées plus " utiles " que d'autres : médecins ou poètes ? Ingénieurs ou historiens? Informaticiens ou littéraires, etc. Ces mêmes collègues y voyaient également de graves dangers pour la liberté académique et la recherche libre.
Je veux affirmer mon attachement le plus profond qui soit à une conception large et inclusive de l'université, à la nécessité d'exceller dans tous les champs du savoir. Je suis profondément convaincu de la valeur de la formation multidisciplinaire, pour ne pas dire simplement humaniste, de nos étudiants. Je veux aussi dire clairement que mon discours sur la valorisation de la recherche porte tout autant sur l'importance de soutenir la recherche en sciences humaines et sociales que celles en sciences naturelles.
Je suis persuadé plus que jamais que les hommes et les femmes que nous formons et dont notre société a besoin dans tous les champs du savoir doivent faire baigner leur activité professionnelle dans la culture la plus large qui soit, sans laquelle toute pratique ne devient que mécanique sans âme. Robert Laffont, l'éditeur, disait que " l'homme cultivé n'est plus celui qui connaît les réponses, mais celui qui sait où trouver les réponses. " J'ajouterais que l'homme cultivé est celui ou celle qui, conscient des limites de sa connaissance, cherche constamment à faire reculer son ignorance.
Votre colloque international, comme plusieurs autres qui ont eu lieu ces derniers mois, notamment dans le cadre des Grandes Fêtes de l'Université Laval, vient donc remettre à l'ordre du jour l'importance des sciences humaines et sociales dans l'uvre de formation et de recherche de l'université, et je vous en remercie.
En terminant, je vous remercie donc de vous engager dans cet effort d'éclairage scientifique d'une partie de notre passé historique. Je saisis l'occasion au vol pour féliciter le CRILCQ pour sa récente subvention au Programme des regroupements stratégiques du Fonds québécois de recherche sur la société et la culture. Je vous souhaite un excellent colloque, et j'invite nos visiteurs à profiter pleinement de leur séjour ici, à Québec, une des plus belles villes de notre continent.