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Allocution de M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval, à l'occasion de la collation des grades de la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels, de la Faculté des lettres et de la Faculté de musique, le dimanche 15 juin 2003,
à 16 h, au stade couvert du PEPS

Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Professeur émérite,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,

Tous ceux et celles qui ont l'occasion d'assister aux collations de grades gardent le souvenir d'un grand rassemblement où le plaisir et la fierté se lisent sur tous les visages, autant ceux des finissants que ceux des parents, des professeurs et des membres de la Direction de l'Université. Pour ma part, je suis particulièrement fier d'être parmi vous aujourd'hui pour célébrer ce moment heureux qui marque l'accomplissement de la mission de l'Université dans ce qu'elle a de plus noble et qui marque une étape importante de votre vie. Je veux insister sur le mot "étape", car il faut voir la réception de votre diplôme non pas comme une fin, mais comme un début.

Nous célébrons aujourd'hui la réussite des étudiantes et étudiants de la Faculté d'aménagement, d'architecture et des arts visuels, de la Faculté des lettres et de la Faculté de musique. Je dis "nous célébrons" parce que plusieurs personnes sont associées à votre succès. Même les plus vaillants, les plus organisés d'entre vous n'auraient pas atteint ce fil d'arrivée sans le soutien de beaucoup de personnes. Je crois qu'il est important de parler de toutes ces personnes qui se sont préoccupées de vous assurer un avenir prometteur, qui ont rêvé de vous voir terminer vos études et qui vous ont encouragés de multiples façons pour vous donner toutes les chances de réussir dans la vie. Je voudrais demander à tous les parents, frères, sœurs, amis, conjoints, enfants, de se lever pour que nous puissions les applaudir et les remercier du soutien qu'ils vous ont apporté au cours de ces années.

Certains croient que, dans l'économie du savoir, les besoins en main-d'œuvre se concentrent en sciences et en génie, par exemple, en informatique et en biotechnologie. Il s'agit là d'une conception bien réductrice de l'économie du savoir. Les organismes et entreprises embauchent bien sûr des spécialistes dans ces domaines d'activité, mais ils ont également besoin de personnel ayant un profil que j'appellerais "créatif". Concepteurs, scénaristes, rédacteurs, historiens, musiciens, sont ainsi appelés à jouer un rôle crucial dans cette nouvelle économie, grâce à leur connaissance et à leur maîtrise des mots, des sons et des images.

Je crois donc que les titulaires d'un diplôme en lettres ou en arts trouveront de plus en plus d'emplois intéressants à occuper en raison entre autres des habiletés associées à leur diplôme : capacité d'analyser, d'interpréter, de synthétiser, de communiquer, de créer, des compétences qui sont en fait des outils pour travailler intellectuellement et apporter une contribution sociale précieuse pendant toute une vie.

Le travail que vous avez réalisé ici au cours des dernières années ne peut pas vous aider à prédire ce que vous ferez dans vingt ans. Mais ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Cette constatation indique seulement que vous aurez à affronter l'inattendu. La bonne nouvelle, c'est que vous avez reçu le type d'éducation qui vous rendra réceptifs et capables de vous adapter intellectuellement à un changement de parcours. Une formation axée sur une série de faits et des listes de travaux peut en effet devenir périmée lorsque les choses changent rapidement. Mais je crois que Laval a fait mieux que ça pour vous. Vous avez acquis la capacité de penser par vous-mêmes, d'appliquer avec assurance vos compétences analytiques à de nouveaux problèmes, d'évaluer de nouvelles circonstances dans une perspective historique, de comprendre et de respecter différentes approches. Tous ces talents resteront avec vous bien longtemps après qu'un monde changeant aura rendus obsolètes les faits que vous aurez appris. N'est-ce pas Skinner, le grand psychologue américain, qui disait : "L'éducation est ce qui reste quand vous avez oublié les choses que vous avez apprises"?

Certains d'entre vous continueront leurs études aux cycles supérieurs. Je vous encourage à le faire. Selon des études récentes, le Québec aurait besoin de 10 000 titulaires d'un doctorat au cours des cinq prochaines années. Imaginez!

Si vous décidez dans quelque temps d'entreprendre des études supérieures ou simplement d'aller chercher d'autres connaissances ou compétences, n'oubliez pas que l'Université Laval vous accueillera toujours les bras ouverts. D'ailleurs, nous comptons sur vous pour nous faire part, dans les années à venir, des changements qui toucheront votre discipline pour que nous puissions adapter nos programmes de formation. C'est à cette seule condition que l'Université pourra maintenir le niveau d'excellence sur lequel repose sa réputation.

Maintenir l'excellence de la formation et de la recherche est en effet notre plus grande préoccupation. Et c'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez un professeur en lui décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous présenter sans tarder M. Jean-Claude Moisan.

Après avoir obtenu une licence et une maîtrise ès lettres de l'Université Laval et un doctorat de l'Université de Grenoble, M. Moisan s'est joint à la Faculté des lettres en 1969. Devenu professeur titulaire en 1988, il est à la retraite depuis le 31 août 2000.

À peine arrivé au Département des littératures, il a accepté le poste de directeur des études de français. Par la suite, il a assumé les fonctions de secrétaire, de vice-doyen, de responsable facultaire des études et de doyen à la Faculté des lettres.

L'un des aspects de la recherche de M. Moisan, depuis près de 15 ans, porte sur la relecture des auteurs anciens à la Renaissance et, plus particulièrement, sur les éditions vernaculaires des Métamorphoses d'Ovide.

Membre d'un réseau international des études seiziémistes, il est aussi l'un des trois cofondateurs de la Société canadienne d'études de la Renaissance. Il a été membre, entre autres, de la Société française de la Renaissance et de la Société internationale des études néo-latines. Une autre spécialisation de Jean-Claude Moisan, l'histoire de la rhétorique, plus particulièrement celle de la rhétorique de Pierre de la Ramée, l'a amené à fonder et à animer le Réseau international d'études ramistes.

Pour ses collègues et pour ses étudiants des trois cycles, le nom de Jean-Claude Moisan est synonyme de perfectionnisme, d'amour du travail et de dévouement.

Monsieur Moisan, c'est avec plaisir que l'Université vous décerne le titre de professeur émérite.

Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de sa compétence, je remercie sincèrement le professeur Moisan pour son dévouement envers sa faculté et son université.

Chers diplômés, voilà un modèle dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ce professeur a commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui. Je vous invite aussi à suivre l'exemple de Mme Marie-Ève Bergeron-Gaudin, étudiante au baccalauréat en linguistique, qui reçoit aujourd'hui la médaille d'argent de la Gouverneure générale, et de Mme Catherine Dubeau, étudiante à la maîtrise en littératures française et québécoise, qui reçoit la médaille d'or de la Gouverneure générale. Je laisserai à M. Gilles Kirouac, secrétaire général, le soin de présenter Mmes Bergeron-Gaudin et Dubeau dans quelques instants.

Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation sans faille. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.

Chers diplômés, je vous offre de nouveau mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable. Je voudrais vous laisser avec le message que livrait le président de l'Université Stanford, Adlai Stevenson, aux cérémonies de collation des grades, et je cite : "Lorsque vous partirez, n'oubliez pas pourquoi vous êtes venus."

 
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