Monseigneur l'Archevêque de Québec et Primat de
l'Église du Canada,
Monsieur le Supérieur général du Séminaire
de Québec,
Monsieur le Secrétaire général,
Monsieur le Récipiendaire d'un doctorat honorifique,
Messieurs les Professeurs émérites,
Distingués invités,
Chers collègues,
Chers diplômés,
Parmi les tâches accomplies par le recteur au cours d'une année, la collation des grades est sans aucun doute la plus réjouissante, et pour cause. C'est en effet l'activité qui célèbre l'accomplissement de la mission de l'Université, sa raison d'être: la formation de personnes compétentes qui vont contribuer au développement de la société.
Mes premiers mots, je les adresse à vous, chers diplômés. Vous avez raison d'être fiers de vous. L'Université aussi est fière de vous, car votre succès contribue à son rayonnement. En effet, comment pensez-vous que se construit la réputation d'une université? Bien sûr, par ses programmes, par les subventions qu'elle reçoit, par le prestige de ses penseurs et de ses chercheurs. Mais elle se construit aussi et surtout par la qualité de ses étudiants et de ses étudiantes, par la motivation et la persévérance dont ils font preuve. Elle se manifeste enfin par les succès de ses diplômés comme citoyens et professionnels engagés dans la société.
Vous avez choisi d'étudier la philosophie, les sciences de l'éducation ou les sciences religieuses. Vous avez donc choisi de transmettre des connaissances à vos semblables ou de les éclairer sur les grandes questions qui préoccupent l'être humain depuis toujours. La tâche n'est pas mince, mais la formation que vous avez reçue vous a munis du bagage nécessaire pour l'accomplir. Vous aurez donc à jouer un rôle professionnel prépondérant dans la société, puisque - je m'adresse ici surtout aux futurs enseignants - vous transmettrez non seulement des connaissances, mais aussi des principes, des valeurs.
Les responsabilités de l'enseignante et de l'enseignant seront accrues dans un contexte où l'intelligence des personnes est devenue la principale richesse des nations. C'est à l'enseignant que revient la tâche de donner à chaque enfant les moyens d'exploiter pleinement ses capacités intellectuelles et d'en faire un citoyen capable de justice et de solidarité dans un monde où les inégalités sociales sont flagrantes. L'éducation est le moyen grâce auquel l'être humain peut acquérir la capacité de décider à bon escient. Dans notre monde de plus en plus complexe, c'est par l'éducation que notre jeunesse peut s'ouvrir à la diversité des cultures et des réalités sociales, économiques et politiques qui marqueront le développement de nos sociétés.
Les philosophes et les théologiens occuperont une place de plus en plus importante dans notre société trop axée sur l'utilitarisme. La tendance à l'individualisme, la concurrence, l'écart grandissant entre les riches et les pauvres nous imposent un retour à des valeurs fondamentales de solidarité, d'éthique et de justice. Les préoccupations croissantes à l'égard de l'éthique et de la bioéthique offrent des avenues prometteuses pour les diplômés en philosophie et en théologie. En cette époque de technologie omniprésente, les réactions de l'être humain et son adaptation à un monde en perpétuelle mouvance requièrent de plus en plus un renforcement des valeurs morales et une réflexion sur la maîtrise de la technologie par l'humain. C'est là que vous aurez un rôle à jouer. Votre action est axée sur l'échange, l'écoute, le dialogue, le partage, et c'est pour cela qu'elle est si féconde, c'est pour cela qu'elle est si importante.
Vous recevez aujourd'hui un diplôme de baccalauréat, de maîtrise ou de doctorat. Mais, vous le savez fort bien, vous recevez bien plus qu'un "acte délivré à quiconque termine avec succès un programme d'études universitaires", comme le dit la définition. Chacun de vous part avec un mélange spécial d'expériences et de réalisations enrichissantes qui vous auraient sans doute échappé si vous n'aviez pas décidé de vous inscrire à l'université.
Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous avez acquis en venant ici? Bien sûr, des connaissances, un savoir, un savoir-faire. Mais au-delà des connaissances, vous possédez désormais plusieurs autres compétences qui vous rendent aptes à utiliser ces connaissances et à exercer votre futur métier. Je me permettrai de vous parler des deux principales compétences qui me semblent liées à la formation universitaire.
Première compétence: vous pensez et analysez non seulement mieux, mais aussi avec plus d'assurance. Comment vous en rendre compte? En vérifiant votre capacité d'accomplir des choses inédites avec des outils familiers. Vous aurez bientôt à traiter de questions ou de problèmes que vous n'avez pas étudiés. Vos années d'études universitaires vous ont donné une trousse de survie pour explorer l'inconnu.
Munis de cette trousse, vous pouvez affronter l'incertitude, l'ambiguïté. Dans notre monde, les choses ont rarement des contours bien définis; de plus, elles ont un caractère éphémère. Être capable de vivre avec cette incertitude sera sans doute l'une des choses les plus utiles que vous aurez acquises.
Un peu dans le même ordre d'idées, vous êtes maintenant dotés d'une certaine dose de scepticisme. Vous voulez toujours examiner toutes les facettes d'une question. Vous vous méfiez de ceux qui prétendent détenir la vérité absolue - plus rassurante, il est vrai - et vous préférez ceux qui expriment des opinions plus nuancées, qui éprouvent du doute. Je suis d'avis que le doute est une composante importante de la dynamique intellectuelle dans laquelle vous avez choisi de vivre.
Je me contredis, direz-vous, en parlant d'assurance, puis de doute. Je pense que les deux ne sont pas incompatibles. La confiance en soi pour analyser, interpréter, extrapoler, expérimenter inclut une dimension que doit cultiver tout intellectuel qui se respecte: le doute.
Deuxième compétence: vous avez côtoyé des étudiants et des professeurs d'autres pays, d'autres milieux, ayant des goûts et des intérêts autres que les vôtres. Vous avez donc été en contact, et c'est un privilège à mon avis, avec un éventail de croyances, de traditions, de cultures et de valeurs plus complexe que si vous n'étiez pas venus ici. Des personnes vous auront parlé de liberté, de qualité de l'environnement, du droit à la vie, des bienfaits et des dangers des progrès de la science et de la médecine. Bref, vous avez pu élargir vos horizons, vous avez pu vous ouvrir à la diversité.
L'assurance qui s'accompagne du doute et l'ouverture à des réalités autres que celles qui vous étaient familières, voilà je crois deux caractéristiques d'une formation universitaire de grande qualité.
Comment l'Université garantit-elle que la formation que vous recevez est de grande qualité? Elle le fait entre autres en s'assurant que le contenu des programmes correspond aux besoins de la société. Elle le fait aussi en s'assurant que ses chercheurs peuvent mener leurs travaux dans un environnement stimulant et contribuer à l'encadrement des étudiants des deuxième et troisième cycles. Elle le fait enfin en s'assurant d'un corps professoral qui assume ses fonctions avec un haut degré d'excellence.
Maintenir l'excellence de la formation et de la recherche est en effet notre plus grande préoccupation. Et c'est ce degré d'excellence que l'Université veut mettre en valeur chez deux professeurs en leur décernant aujourd'hui le titre de professeur émérite. Permettez-moi de vous les présenter sans tarder.
M. Jean Brunelle est titulaire de deux baccalauréats de l'Université Laval, d'une licence en éducation physique de l'Université de Louvain et d'un doctorat de l'Université de Liège. En 1965, il entre au service du Département d'éducation physique de l'Université Laval et y devient professeur titulaire en 1976, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1998.
Excellent pédagogue, il s'est vite forgé une réputation d'enseignant hors pair auprès de ses étudiants et de ses collègues. Aux cycles supérieurs, Jean Brunelle a dirigé ou codirigé près de 50 étudiants.
Il faut également souligner sa contribution exceptionnelle dans plusieurs domaines de recherche. Citons, entre autres, l'analyse de l'enseignement, la supervision pédagogique, le temps d'apprentissage et la gestion de l'indiscipline. Il a été membre actif du Groupe de recherche en intervention en activités physiques, dont il a été le directeur pendant 20 ans.
Jean Brunelle a publié plus de 110 articles dans des revues d'Amérique du Nord et d'Europe. Par ailleurs, il a été l'auteur ou le coauteur de onze livres, dont La Préparation d'un champion, qui a reçu, en 1978, le prix Donation J.A. Samaranch de l'Association internationale des écoles d'éducation physique. Il a également prononcé plus de 150 communications et conférences et coanimé 1 600 émissions de la série En mouvement, diffusée à la télévision de Radio-Canada.
Pendant plus de 30 ans, Jean Brunelle a su développer les connaissances dans le domaine de l'éducation physique. Encore aujourd'hui, ses activités contribuent au rayonnement de la Faculté des sciences de l'éducation et de l'Université Laval.
Monsieur Brunelle, l'Université Laval est ravie de vous attribuer le titre de professeur émérite.
Je dirai maintenant quelques mots de M. Clermont Simard, qui n'a malheureusement pas pu se joindre à nous aujourd'hui.
M. Simard est titulaire d'un baccalauréat en éducation physique de l'Université d'Ottawa, d'un baccalauréat en pédagogie de l'Université Laval, puis d'une licence et d'un doctorat en éducation physique de l'Université catholique de Louvain. À la fin de ses études, il devient professeur au Département d'éducation physique de l'Université Laval où il obtient sa titularisation en 1985.
L'éducation physique chez les personnes âgées et les personnes handicapées, de même que la physiologie de l'exercice, comptent parmi ses domaines d'enseignement aux trois cycles.
Auteur prolifique et communicateur exceptionnel, Clermont Simard a publié près de 150 articles dans des revues reconnues. Il est aussi coauteur de quelques livres et a participé à plus de 250 communications. Il est par ailleurs reconnu comme un excellent organisateur de congrès et d'activités scientifiques et professionnelles.
Ainsi, même s'il a pris sa retraite en octobre 1999, il sera, du 23 au 28 août 2008, président du 21st World Congress of Rehabilitation International, une rencontre scientifique qui accueillera 5 000 participants à Québec. Il est aussi engagé dans l'organisation des Deuxièmes Jeux et championnats du monde de l'International Blind Sports Organisation en août 2003 à l'Université Laval où l'on attend 2 000 athlètes et entraîneurs.
La contribution passée et présente de M. Simard, son rayonnement international et la rigueur de sa démarche scientifique dans le domaine de la recherche en réadaptation rejaillissent, encore aujourd'hui, sur le Département d'éducation physique, sur la Faculté des sciences de l'éducation et sur l'Université Laval.
Pour toutes ces réalisations, l'Université Laval décerne à M. Clermont Simard le titre de professeur émérite.
Au nom de l'Université, en mon nom personnel, mais surtout au nom de tous les étudiants et les étudiantes qui ont bénéficié de sa compétence, je remercie sincèrement les professeurs Brunelle et Simard pour leur dévouement envers leur faculté et leur université.
Chers diplômés, voilà deux modèles dont vous pouvez vous inspirer. N'oubliez pas que ces professeurs ont commencé par recevoir un diplôme, comme vous aujourd'hui.
L'Université Laval décerne aujourd'hui également un doctorat d'honneur en sciences de l'éducation à M. Claude Dubar, sociologue et professeur à l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. M. Claude Trottier, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation, présentera dans quelques minutes M. Dubar.
Une cérémonie de cette envergure nécessite, vous vous en doutez bien, une organisation sans faille. Je tiens à remercier le personnel du Bureau du secrétaire général, en particulier celui de la section des diplômes, ainsi que le personnel du Service des communications, pour leur dévouement au cours des dernières semaines. C'est grâce à toutes ces personnes que cette célébration peut se dérouler à la perfection et rester dans votre mémoire comme une grande fête.
Chers diplômés, j'espère que vous deviendrez vous-mêmes des défenseurs de ce que vous avez vécu ici, des promoteurs et des partisans de l'éducation à tous les niveaux. Je vous offre de nouveau mes sincères félicitations pour cette réussite remarquable et vous souhaite un avenir heureux et rempli de succès au service de vos concitoyens et de toute la société.