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" L'Université Laval: un lien entre Québec et le monde " - Allocution du recteur de l'Université Laval, M. Michel Pigeon, devant les membres de la Société des relations internationales de Québec (SORIQ), le jeudi, 19 février 2004, au Château Frontenac.

Monsieur le Président,
Distingués invités,

Je voudrais tout d'abord remercier Me Clément Samson, votre président, de m'avoir invité à prendre la parole devant vous ici ce midi. La SORIQ joue en effet un rôle unique à Québec. À ma connaissance, votre société constitue, dans notre milieu, la seule tribune dont la mission consiste à promouvoir en permanence l'intérêt du public à l'égard des relations internationales. Ce n'est pas à vous que j'expliquerai le besoin pour notre milieu de s'ouvrir au monde et à la diversité. Car, comme le disait la chanson, nous sommes entrés dans des temps nouveaux. La nouvelle réalité mondiale a projeté le savoir et la connaissance au premier rang des forces vitales du développement économique, social et culturel des sociétés modernes.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, beaucoup pensaient que le seul fait, pour un pays, de posséder des ressources naturelles abondantes était la clé magique de son développement et de son succès. Le relèvement spectaculaire du Japon après la guerre, pays dépourvu de ressources naturelles s'il en est un, est venu ébranler cette confiance un peu trop aveugle dans le potentiel des seules richesses venues du sol.

Nous avons réalisé que le développement de nos sociétés, à l'ère moderne, repose avant tout sur une population éduquée. George Wells, l'écrivain britannique, écrivait que " l'histoire humaine devient de plus en plus une course entre l'éducation et la catastrophe ". C'est encore plus vrai maintenant, alors que la complexité et la gravité des enjeux doivent entraîner forcément une modification des comportements des personnes que seule l'éducation peut susciter.

Nous sommes parvenus à l'ère du savoir, en même temps que les communications modernes ont vraiment transformé notre monde en village global. Dans ce contexte, l'université joue un rôle central non seulement parce qu'elle éduque au niveau supérieur, mais d'abord et surtout parce qu'elle demeure le lieu de la création du savoir, particulièrement en recherche fondamentale. À mes yeux, ce qui " fait " littéralement une université et qui la distingue vraiment des ordres antérieurs de formation, c'est que l'enseignement aux trois cycles est imprégné par la recherche et la découverte des nouveaux savoirs dans toutes les disciplines, et qu'il repose sur le regard critique et libre que l'université porte sur les choses et sur les êtres.

Lorsqu'on m'a demandé le titre de mon allocution de ce midi, je me suis arrêté un moment. Il m'est vite apparu que le titre "L'Université Laval: un lien entre Québec et le monde" était particulièrement approprié. En effet, les mots "ouverture et internationalisation" traduisent les nouvelles tonalités qui caractérisent désormais la quête de l'excellence dans la formation. La ville et la région de Québec sont privilégiées de pouvoir compter sur la présence d'un établissement comme l'Université Laval.

Bien sûr, toute ville ou toute région qui accueille un établissement d'enseignement supérieur est privilégiée. Mais permettez au recteur de Laval de penser et de vous dire que le privilège de Québec à cet égard est peut-être plus précieux qu'ailleurs, et je ne fais pas allusion ici aux importantes retombées économiques que la seule présence de l'Université Laval entraîne pour la région, et qui sont de l'ordre du milliard de dollars annuellement. Je pense plutôt au fait que l'Université Laval a connu un développement exceptionnel dont toute la région tire profit quotidiennement et qui en a fait un des établissements les plus importants de notre milieu régional.

Si l'Université Laval est une institution vénérable, la plus ancienne université canadienne, elle est en même temps une des universités les plus novatrices du pays. Sa force en recherche est exceptionnelle; elle est au 5e rang canadien à cet égard, ex-aequo avec UBC. Pour les fonds obtenus de la Fondation canadienne pour l'innovation, et ces résultats sont du 15 janvier dernier, l'Université Laval se classe au 2e rang québécois et au 3e rang canadien derrière UBC et McGill, mais devant l'Université de Toronto et l'Université de Montréal. Ce n'est pas rien… Tout cela est impressionnant, certes, mais ne sied pas à mon propos ce midi, même si j'aime bien le rappeler aux auditoires auxquels je m'adresse.

En effet, une démonstration éloquente de la capacité innovante de l'Université Laval est sa remarquable adaptabilité au monde ambiant et ce, sans qu'elle ne s'écarte de sa mission fondamentale de formation des personnes et de recherche. L'orientation internationale de l'Université Laval se traduit aujourd'hui de multiples façons. Nous avons un vice-rectorat au développement et aux relations internationales où nous retrouvons le Bureau international, bien connu par la plupart d'entre vous.

Depuis plusieurs années, nos étudiants mettent sur pied de véritables missions commerciales avec des pays d'Amérique latine. D'autres projets en architecture entraîneront un groupe d'étudiants en Turquie. En sauvegarde du patrimoine, nous sommes impliqués au Vietnam. Au plan humanitaire, nos étudiants en médecine dentaire, par exemple, ont fait des séjours en République dominicaine pour y dispenser des soins chez les plus démunis. Nous sommes fiers d'avoir chez nous un véritable Institut universitaire de hautes études internationales. De plus, seule l'Université Laval anime un Centre Québec-Moscou, et ce ne sont là que quelques exemples.

De leur côté, nos professeurs sont tous et toutes de véritables ambassadeurs en même temps que des membres de réseaux hautement développés avec des collègues partout dans le monde. Le Centre des congrès de Québec l'a bien compris, lui qui, en signant une entente de partenariat avec nous il y a 5 ans déjà, s'assurait d'attirer ici à Québec davantage de congrès scientifiques internationaux. Le musée de la civilisation l'a compris aussi, lui dont plusieurs des grandes expositions ont été montées avec la collaboration de nos professeurs et de leurs collègues dans le monde.

Mais le virage majeur et important en matière d'internationalisation de notre action a été celui touchant la formation aux trois cycles. Dans les derniers mois du rectorat de Monsieur Gervais, puis sous celui du regretté François Tavenas, l'Université Laval a adopté une politique d'internationalisation de la formation reposant sur la mobilité étudiante aux trois cycles. Cette politique a été traduite dans le concret : pour que nos étudiants et nos étudiantes s'ouvrent au monde en poursuivant leurs études à l'étranger durant une période suffisante, il faut leur donner un coup de main planifié, organisé, avec l'appui financier requis.

À cet égard, l'Université Laval a pris le taureau par les cornes. Elle a introduit un profil international dans un nombre grandissant de ses programmes de formation, en plus des autres outils de mobilité étudiante que l'on trouve aujourd'hui dans plus de 118 de nos programmes. Pour ce faire, l'Université Laval a signé quelque 150 ententes de mobilité pour le profil international, et 50 autres sont présentement en négociation. De fait, en matière internationale, tous programmes et cycles confondus, nous avons 450 accords-cadres signés avec 50 pays sur 5 continents en 7 langues différentes. Aux funérailles de François Tavenas au Luxembourg, mardi, des recteurs d'universités comme Louvain ou Nancy ont profité de ma présence pour me signaler leur intérêt d'établir des relations permettant justement ce genre d'échanges au bénéfice de la formation de leurs étudiants.

Aujourd'hui, l'Université Laval accompagne ses étudiants et étudiantes toujours plus nombreux qui, dans le cours de leur formation, veulent séjourner à l'étranger. Elle a constitué un fonds de soutien à la mobilité étudiante, amorcé par une contribution de 1,5 M$ de la Fondation McConnell. Au plan des études, nous garantissons qu'il n'y a pas de rupture dans les contenus; nous nous assurons que nos jeunes seront accueillis à leur arrivée en sol étranger. De plus, nous imposons au candidat à un séjour à l'étranger une maîtrise minimale de la langue du pays. A besoin, ce candidat doit s'astreindre à une formation linguistique à notre École des langues vivantes.

Déjà, nous pouvons nous réjouir des résultats de cette politique. Tout d'abord, l'Université Laval est devenue un leader canadien en matière de mobilité étudiante. Mais il y a plus. À quelques reprises, depuis mon élection au poste de recteur, j'ai eu l'occasion de rencontrer certains de nos étudiants et étudiantes après leur séjour à l'étranger. J'ai été grandement frappé par leurs témoignages. Ces jeunes nous disent qu'ils reviennent transformés par cette expérience, qu'ils ne se voient plus et qu'ils ne voient plus leur milieu de la même façon. Bref, le séjour à l'étranger pendant plusieurs mois leur a ouvert les yeux sur le monde, a élargi leurs perceptions, et ils en reviennent littéralement différents, avec en prime pour la plupart, d'avoir pu développer leurs habiletés langagières par l'acquisition d'une deuxième, voire d'une troisième langue.

Dans un contexte où prédominent l'expansion de l'économie du savoir, le développement des technologies de l'information, la multiplication des échanges internationaux, l'accélération des découvertes scientifiques et l'explosion des nouveaux savoirs, les notions d'excellence et de compétence dont j'ai dit un mot tantôt doivent refléter l'ouverture au monde. Nos diplômés qui ont fait un séjour à l'étranger sont des professionnels plus ouverts et mieux branchés sur le monde précisément en raison de leur expérience de formation hors Québec. Ils et elles apportent au milieu où ils s'insèrent professionnellement une valeur ajoutée certaine. Ils apportent une valeur personnelle par une vision élargie du monde; une valeur sociale par leur ouverture à la différence, et une valeur économique en raison des contacts créés à l'étranger au cours de leur séjour.

Ils apportent aussi une ouverture à la diversité dont, il faut le réaliser, notre milieu régional, un peu trop ethniquement homogène peut-être, a un grand besoin. Québec n'est pas Montréal. La métropole est une ville multiethnique où le brassage des cultures est quotidien et ce, depuis longtemps déjà. À Québec, le caractère essentiellement francophone de notre ville n'a pas permis ce brassage culturel.

Mais il n'y a pas que la mobilité de et étudiantes. Grâce à la qualité de ses programmes, l'Université Laval attire nombre d'étudiants étrangers. Si la plupart retournent dans leur pays d'origine au terme de leur formation, certains choisissent de demeurer ici et de devenir immigrants reçus. Ainsi, l'Université Laval a contribué plus que tout autre établissement local à introduire une certaine diversité ethnique dans notre milieu. Encore maintenant, l'Université Laval attire bon an mal an près de trois mille étudiants étrangers sur son campus. Ceux-ci et celles-ci sont de formidables ambassadeurs de l'Université Laval et de Québec une fois de retour chez eux, car ils demeurent attachés à leur alma mater.

Ce n'est pas sans raisons que les diplômés et amis de l'Université Laval dans une région donnée se regroupent dans des clubs de diplômés. Il y a présentement 46 de ces clubs, dont les plus récents viennent d'être créés en Afrique. Les diplômés de l'Université Laval participent aux activités de ces clubs pour maintenir leur contact avec leur alma mater, y rencontrer des amis ou s'en faire de nouveaux, profiter d'excellentes occasions de développer des liens d'affaires, et pour obtenir des renseignements utiles pour mieux vivre dans leur communauté.

Ce tissu de liens bien vivants avec des personnes étrangères ayant séjourné ici durant une bonne partie de leurs études constitue pour notre milieu une occasion exceptionnelle de réseautage international, et je souhaite que vous puissiez en tirer profit. De la même façon, nos diplômés toujours plus nombreux à avoir profité d'une expérience internationale grâce à nos programmes de mobilité étudiante conservent des liens avec les personnes rencontrées durant leur séjour à l'extérieur du pays, et ils et elles sont aussi des agents d'ouverture et de réseautage vers le monde.

J'espère avoir illustré à quel point l'Université Laval est un lien important entre le milieu régional de Québec et le monde. Par nos étudiants étrangers, par nos participants toujours plus nombreux à nos programmes de mobilité internationale, par nos clubs de diplômés actifs un peu partout sur la planète, par le rayonnement de nos professeurs et chercheurs, par des initiatives comme l'Année francophone internationale qui s'appuie sur une armée de correspondants aux quatre coins du monde, l'Université Laval est, dans notre milieu, un acteur international majeur pour le plus grand bien de notre société.

J'ajoute, et vous le savez, que notre tâche est loin d'être terminée. En effet, il faudra que le milieu apprenne à mieux avoir accès à ce formidable réservoir de réseaux internationaux qu'est l'Université Laval, et que de notre côté, nous soyons mieux en mesure, dans le respect de notre mission fondamentale, de répondre aux demandes que le milieu nous adresse à cet égard. Je vous assure que nous y travaillons !

Aujourd'hui, si une université ne peut maintenir sa position concurrentielle à l'échelle internationale, elle ne peut exceller et elle ne peut conserver son pouvoir d'attraction. C'est un des messages que nous avons envoyés à la Commission parlementaire qui étudie ces jours-ci les questions d'accessibilité, de qualité et de financement des universités. Je tenais ce midi à vous le réitérer.

Dans un discours prononcé le 20 janvier dernier, l'éditeur du quotidien Le Soleil, M. Alain Dubuc, affirmait, et je cite : " L'Université Laval est le plus puissant outil dont Québec dispose pour assurer son avenir . " Fin de la citation. Tout ce que je veux ajouter en terminant, c'est que si on nous en donne les moyens, je vous assure que l'Université Laval, par sa stratégie d'internationalisation et ses politiques de mobilité étudiante, de rayonnement international, de recherche et de recrutement international aux 2e et 3 e cycles entend contribuer à sa manière à l'inscription de la grande région de Québec dans la nouvelle économie du savoir qui est aussi, on le sait, une économie en voie de mondialisation accélérée.

Je vous remercie.

 
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