Monsieur
le Consul Général de Russie,
Madame la Présidente d'honneur du Salon du livre,
Madame la Présidente du Salon du Livre,
Monsieur le Secrétaire Général,
Monsieur le Récipiendaire d'un doctorat honoris causa,
Chers collègues administrateurs et professeurs,
Distingués invités,
Nous allons remettre dans quelques moments un doctorat d'honneur à M. Youri Afanassiev, historien de grande réputation et fondateur de l'Université d'État des sciences humaines de Russie, que l'Université Laval se réjouit d'accueillir parmi ses diplômés. M. Henri Dorion, géographe de réputation internationale et spécialiste de la Russie, retracera dans quelques instants le parcours de cet homme remarquable, que je décrirais comme un intellectuel engagé, un bâtisseur, et un grand humaniste. Mais avant, permettez-moi quelques réflexions.
Quand je réfléchis à la fonction de la recherche universitaire, à l'enseignement et à la formation, j'aime assez évoquer cette idée de l'anthropologue américain Ralph Linton, qui a expliqué un jour, dans un autre contexte bien entendu, que la dernière chose dont le poisson a conscience, c'est l'eau dans laquelle il nage, parce qu'il y est toujours immergé. ("The last thing a fish would notice would be the water"/"The last creature in the world to discover water would be the fish, precisely because he is always immersed in it! ").
À cet égard, j'aime croire qu'il est précisément du ressort de l'université et des universitaires, les professeurs comme les étudiants, d'observer notre monde d'un oeil critique et éclairé, avec le recul nécessaire pour ce faire, afin de pouvoir prendre pleinement conscience des enjeux qui déterminent l'évolution de nos sociétés.
Une université est un lieu où le savoir se construit et se transmet. Elle est également un lieu de réflexion où le savoir est continuellement remis en question et actualisé. La mission fondamentale de l'université est de veiller à l'avancement et à la diffusion du savoir, par l'enseignement, par la recherche et par le transfert de connaissances à la société. Surtout, elle doit contribuer à former des citoyens responsables et préparés à jouer un rôle actif dans la société.
En ce sens, il est essentiel que l'université produise et transmette un savoir qui rassemble et organise les connaissances; un savoir qui permette la compréhension globale des phénomènes sociaux, politiques, économiques et culturels. Pour en revenir à mon entrée en matière, la recherche et l'enseignement universitaires doivent viser à sortir le poisson hors de l'eau, à l'éduquer; car c'est bien ce que cela veut dire : la racine latine du mot " éduquer " a deux connotation différentes, mais très connexes : celle des formes verbales educare (" élever, avoir soin de ") et educere (" faire sortir, tirer hors ").
Pour continuer dans l'étymologie latine, et vous allez comprendre où je veux en venir, le docteur, au sens précis du latin " doctor ", est celui qui a la qualité de maître. Il est celui qui détient la connaissance et qui enseigne, celui qui éduque. Le " doctor " latin, cependant, était surtout un savant théologien - on parle encore des docteurs de l'Église - et un médecin. Aujourd'hui, bien que le nombre de champs disciplinaires se soit élargi, le sens du mot " docteur " est à toutes fins pratiques resté le même. Dans nos universités, le docteur est encore le maître en sa matière. Il est aussi celui qui peut devenir professeur. Plus particulièrement, le diplôme de doctorat vient reconnaître une contribution significative à l'avancement des connaissances.
Autour de nous, de nombreuses personnalités poursuivent chaque jour ce même objectif d'avancement et de diffusion de la connaissance. L'université reconnaît leur qualité et leur contribution au progrès de la société. Et elle le fait en leur octroyant, à elles aussi, le titre de docteur. Le doctorat honoris causa est ainsi la plus haute distinction de l'université. Il est décerné à des personnalités éminentes qui nous servent de modèles et de guides dans notre action.
Monsieur
Afanassiev, vous incarnez ces valeurs universitaires qui sont les
nôtres. Vous savez observer notre monde avec lucidité,
avec ouverture et avec intégrité. Vous portez un regard
à la fois généreux et critique sur votre pays.
Le rôle que vous continuez de jouer au sein de l'Université
d'État des sciences humaines de Russie, notamment sur le
plan des échanges culturels et scientifiques entre nations,
illustre bien votre engagement dans l'avancement et la diffusion
du savoir. En effet, le partage de la connaissance n'engendre-t-il
pas le progrès de la connaissance ?
L'éducation et l'avancement de la connaissance sont encore
le meilleur moyen pour réduire les inégalités
sociales et favoriser la vie démocratique. Nous nous rejoignons
fortement dans cette conception d'un esprit universitaire par ailleurs
hérité de l'esprit français des Lumières.
À cet égard, je me dois de souligner l'apport considérable de votre université au rayonnement de la francophonie, ce qui se reflète dans les programmes d'étude de votre université. Je suis particulièrement heureux de ce que la création du Centre Québec-Moscou ait été l'occasion d'un développement particulièrement fécond de nos liens avec la Russie, tant pour nos professeurs que pour nos étudiants. J'ai moi-même eu le plaisir de visiter le centre, et j'ai été particulièrement impressionné par l'importance accordée aux arts, à la culture et à la réflexion personnelle. L'Université Laval est très fière de cette collaboration vivante avec l'Université d'État des sciences humaines de Russie.
Monsieur Afanassiev, je me fais le porte-parole de toute la communauté universitaire pour exprimer notre fierté de compter parmi nous un homme de votre qualité. L'Université Laval est fière de rendre un vibrant hommage à l'excellence de votre uvre et à votre contribution extraordinaire au domaine des sciences humaines et sociales et à l'accessibilité du savoir. C'est un honneur pour nous de vous accueillir parmi nos diplômés.
Je vous remercie.