entete Université Laval

" L'université, partenaire active du développement "
Allocution de M. Michel Pigeon, recteur de l'Université Laval,
devant les Manufacturiers et Exportateurs du Québec,
le jeudi, 9 juin 2005, à midi, à l'Hôtel Omni de Montréal

Monsieur le président,Distingués invités,
Mesdames et messieurs,

Depuis quelques années, le chômage dans la ville de Québec se maintient autour de 6 %, avec un taux d'activité comparable à celui de Montréal. Le plus récent chiffre, d'avril 2005, indique un taux de chômage de 5,3 %, ce qui, dans notre contexte, signifie, à peu de choses près, le plein emploi. À Montréal, le taux de chômage en avril était de 8,1 %.

La question que l'on pourrait se poser est la suivante : que se passe-t-il donc à Québec pour qu'on y observe pareille situation? Une bonne part de la réponse provient de la volonté du milieu de la région de Québec de diversifier son économie, notamment du côté des hautes technologies. Et l'Université Laval a été, et demeure, une partenaire active, une partenaire engagée, pour ne pas dire centrale, de cette stratégie de diversification.

Si l'Université Laval joue ce rôle, c'est qu'elle est à l'écoute, qu'elle s'interroge, qu'elle revoit ses façons de faire, qu'elle évolue en fonction des nouvelles réalités de son milieu et, évidemment, qu'elle innove.

Alors qu'elles se modernisent, les universités ne peuvent plus opérer comme ces tours d'ivoire d'une autre époque. Avec la révolution de l'éducation des années '60 et le financement public des universités qui s'en est suivi, celles-ci ont développé une attention accrue aux besoins de la société.

À Québec, cette attention accrue a pris, au début des années '80, la forme de sommets où le milieu régional a établi, de concert avec l'Université Laval et d'autres intervenants socio-économiques, des consensus sur les mesures à prendre pour diversifier une économie qui reposait traditionnellement sur le tourisme et la fonction publique.

Cette concertation a entraîné deux pistes d'action : d'une part, la création du Parc technologique du Québec métropolitain, jugé aujourd'hui un des plus performants au monde dans son secteur, et d'autre part, le développement de la recherche à l'Université Laval. Mais qui dit recherche, dit aussi transfert des applications commercialisables de cette recherche. Il ne faut donc pas s'étonner que la première société de valorisation des applications de la recherche universitaire du Québec, la SOVAR, ait été créée à Québec même par l'Université Laval et le Centre hospitalier universitaire de Québec, le CHUQ.

Le résultat ? Au-delà des chiffres que j'ai mentionnés plus tôt, il est maintenant clair que l'économie de la capitale s'est diversifiée et a su compenser les pertes massives d'emploi liées à la réduction de la taille de l'État québécois dans les années '90.

Ainsi, la majeure partie des entreprises en optique-photonique de la région de Québec a été fondée par des finissants ou des ex-employés de l'Université Laval. Il en va de même pour les centres de recherche et d'expertise avancée comme l'Institut national d'optique (INO) qui contribuent grandement au dynamisme de l'économie régionale, notamment par la création d'entreprises.

Fait intéressant, nous assistons à l'heure actuelle à l'émergence d'entreprises de deuxième génération dans des secteurs de pointe comme, justement, l'optique-photonique, l'aérospatiale et la défense , c'est-à-dire de jeunes pousses provenant elles-mêmes d'autres entreprises de la région.

Que ce soit en agroalimentaire, avec notre Institut des nutraceutiques et aliments fonctionnels (vous avez peut-être entendu parler de nos travaux récents sur les propriétés de la canneberge pour la santé ?), que ce soit en génie des matériaux pour l'industrie du plastique, en seconde transformation du bois, en génie des eaux, en robotique, en géomatique ou en logistique, les entreprises savent de plus en plus qu'elles peuvent compter sur notre capacité de recherche et de transfert des applications de cette recherche afin d'être des entreprises innovantes.

L'environnement dans lequel mon organisation travaille a considérablement changé. Les jeunes qui nous arrivent des collèges sont différents de ceux et celles qui entraient à l'université il y a un quart de siècle. Le raz-de-marée des technologies de l'information a fait irruption dans nos vies et dans nos milieux de travail et d'éducation.

L'évolution à l'enseigne de l'innovation est devenue rien de moins qu'une condition de survie. Je dirais même, pour reprendre l'expression de l'un de nos fiers diplômés, Louis Garneau : innover ou mourir ! Cela est vrai pour vous, dans vos entreprises, comme ça l'est pour nous, dans nos classes et nos laboratoires.

Dans ce contexte, il est intéressant d'observer que certains organismes publics réussissent mieux que d'autres. Les universités font partie de ce groupe restreint d'organismes durables. De toutes les institutions qui existaient dans le monde occidental au début du seizième siècle, il n'en reste aujourd'hui que 85 : l'Église catholique, les Parlements de l'île de Man, d'Islande et de Grande-Bretagne, plusieurs cantons suisses, et quelque 70 universités. Autre petit fait historique intéressant à noter plus près de chez nous : l'origine de l'Université Laval précède celle de notre Parlement et de notre gouvernement. L'université, on le voit, a bel et bien su évoluer au cours des siècles.

Mais, en pratique, qu'est-ce que cela veut dire? D'abord, nous avons modifié notre enseignement. Pour ce faire, nous avons rigoureusement évalué tous les programmes de formation pour que ceux-ci soient à la fine pointe de leur discipline, et nous introduisons le plus largement possible les innovations pédagogiques rendues possibles par les technologies de l'information. Nous avons aussi arrimé cette formation au concret en multipliant les stages crédités et rémunérés en cours de formation dans les milieux de travail.

À l'Université Laval, nous avons aussi largement internationalisé notre formation. Au Canada, environ 1% des étudiants au baccalauréat effectuent un stage à l'étranger dans le cours de leurs études. À l'Université Laval, nous nous approchons actuellement du chiffre de 10 %.

Nous avons de plus développé le concept de profil entrepreneurial, lequel est maintenant présent dans vingt de nos programmes d'enseignement. Ce profil offre la possibilité à nos étudiants et étudiantes de démarrer virtuellement leur propre entreprise comme de faire de nombreux stages supervisés en entreprise.

Ce virage, qui tient compte des besoins de notre société pour la formation de la relève entrepreneuriale, est déjà reconnu puisqu' il y a quelques semaines, à Montréal, l'Université Laval, première université à recevoir cet honneur, se voyait décerner le Prix Paul-Arthur Fortin remis par la Fondation de l'entrepreneurship québécois. Par ailleurs, selon une étude indépendante, l'Université Laval s'est classée première au Canada en 2003-2004 quant à la variété de la formation offerte en entrepreneuriat, à l'intégration de cette formation dans les facultés et au nombre d'étudiants inscrits à un cours en entrepreneuriat.

Autre élément important à souligner en ce sens, c'est le choix que nous avons fait d'offrir une formation axée non seulement sur l'acquisition du savoir, mais aussi sur celle du savoir-faire. Qu'est-ce que ce savoir-faire ? Essentiellement, c'est le travail d'équipe, la communication autant verbale qu'écrite, l'apprentissage d'une seconde, voire d'une troisième langue, l'ouverture concrète à une expérience internationale dans le cours des études, etc. À mon avis, il faut dépasser le seul concept du savoir dont on entend tellement parler, pour celui du savoir-faire, dont on entend trop peu parler, surtout en milieu universitaire, afin de mieux répondre à des impératifs du marché du travail.

Une autre modification importante de notre enseignement a été le développement de la formation continue. Car là aussi, les temps changent. L'époque où la formation se terminait tout simplement avec l'obtention d'un diplôme fait place de plus en plus au lifelong learning. Nous avons donc modifié notre offre de formation grâce à de la formation continue et à distance.

Celle-ci fournit maintenant plus de 15 % de notre chiffre d'affaires, alors qu'il y a quelques années à peine, elle n'en représentait que 3 %. Qu'il s'agisse de formation à distance, de formation sur mesure offerte aux quatre coins du Québec ou même du Canada, l'Université Laval est résolument tournée vers la réponse aux besoins de formation des personnes, des organismes et des entreprises.

Au chapitre de la recherche, le développement majeur de celle-ci a eu pour effet la création d'un très grand nombre de partenariats fructueux entre l'Université Laval et le secteur privé, au point où, au seul titre de la recherche que nous appelons contractuelle, l'Université Laval est en lien avec plus de 400 organismes et entreprises.

Je pourrais vous parler de ma propre discipline, la technologie des bétons. J'ai fondé, il y a plus de 15 ans, un centre interuniversitaire de recherche avec l'Université de Sherbrooke. J'ai aussi fondé une entreprise qui depuis sa création, a donné naissance, à son tour à une autre compagnie. Mon expérience de chercheur m'a vite enseigné qu'on ne peut faire de la recherche sur un produit comme le béton sans s'associer à de nombreuses entreprises tant au Canada qu'à l'étranger.

Que l'on parle de recherche sur les lasers - où l'Université Laval est leader canadien, en foresterie, en biopharmaceutique ou en agroalimentaire, rien ne se fait sans un étroit contact, quotidien même, avec les entreprises de ces secteurs.

Par ailleurs, notre souci du placement de nos étudiants et de nos diplômés a entraîné la création, en 1993, d'un service de placement qualifié comme le meilleur parmi les plus grandes universités canadiennes en 2004 selon un sondage commandé par le Globe and Mail. Ce service interagit activement avec plus de 17 000 entreprises et organisations dans tout le Québec et au-delà, afin d'offrir aux employeurs les ressources professionnelles dont ils ont besoin, aux étudiants les places de stage en entreprises, et aux diplômés, les emplois recherchés.

Mais nous ne sommes pas que des partenaires des entreprises. Nous sommes des partenaires du développement à tous égards de notre milieu. Le plus ancien Orchestre symphonique du Canada est à Québec, et il a été créé à l'occasion du 50e anniversaire de notre charte en 1902. L'Université Laval est également à l'origine de la fondation des Violons du Roy, un des meilleurs ensembles baroques au monde. Nous travaillons de près avec la Ville de Québec et le Musée de la civilisation, dont une grande partie des expositions majeures se réalisent grâce à l'expertise et aux contacts internationaux de nos professeurs.

Nous sommes un partenaire actif du Centre des congrès de Québec. Son président directeur-général déclarait en février dernier que le travail des professeurs-chercheurs de l'Université Laval aura suscité, de 1999 à 2004, la tenue à Québec d'événements internationaux entraînant globalement des retombées économiques de 135 M $ pour notre région. Nous sommes un partenaire actif du journal Le Soleil, du Parc technologique du Québec métropolitain et de Pôle Québec Chaudière-Appalaches, notre organisme de promotion et de développement économique que préside maintenant votre ancien président directeur général, un autre de nos fiers diplômés, Monsieur Paul-Arthur Huot.

Sur la scène internationale, je pourrais vous parler au même titre de centaines de partenariats que nous mettons à contribution avec des pays étrangers, et ce, à la grandeur du globe. Pour ne vous donner qu'un exemple, nous sommes la première université au Canada à avoir signé une entente de partenariat avec le State University of New-York, SUNY, qui compte 64 campus et plus de 410 000 étudiants. Cette entente augmentera de façon substantielle les échanges d'étudiants, de professeurs et la collaboration en recherche entre l'Université Laval et les campus de ce réseau.

Il y a quelques semaines, le président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation, M. Paul Desmarais junior, déclarait à l'Université Laval ce qui suit : " Notre engagement social est très important à nos yeux. Aujourd'hui plus que jamais, les entreprises et leurs employés doivent participer à la vie des collectivités qui les entourent. La philosophie est un pilier indispensable de notre société, un incontournable outil de compréhension et d'évolution de la nature humaine. L'Université Laval est un établissement de grande qualité: c'est pourquoi notre choix s'est arrêté sur l'Université Laval et sa Faculté de philosophie. "

Pour Power Corporation, ce partenariat signifiait la création, fort unique d'ailleurs, de la chaire de recherche La philosophie dans le monde actuel et d'un don corporatif de 1 M$ pour la financer. Cette contribution est le don le plus important jamais fait à une université canadienne pour la formation et la recherche en philosophie.

C'est là une des façons assurément très originales grâce auxquelles les entreprises peuvent entrer en partenariat avec nous, en mettant de l'avant des projets avec des facultés dont les champs de recherche ou d'enseignement les intéressent plus particulièrement, en lien avec leur mission d'entreprise, leurs intérêts d'affaires, ou leurs préoccupations sociales.

Et il y en a beaucoup d'autres, que ce soit par une participation directe de vos entreprises à des contrats de recherche, l'adhésion à notre banque de stages ou d'emplois, la mise sur pied de projets mutuellement profitables, ou toute autre forme de partenariat novateur. La seule limite est notre imagination !

Bien sûr, l'Université restera toujours le lieu de réflexion et de recherche indépendant dont la société a besoin. Mais, et je le répète, l'Université Laval est là pour vous. En tant que son " CEO ", je vous dis donc, venez nous voir, we are open for business !

Je vous remercie.

 
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