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Allocution prononcée par monsieur Denis Brière, recteur de l'Université Laval, à l'occasion du lancement des Œuvres de Fernand Dumont, le jeudi 8 mai 2008, à 16 h 45, au Vieux-Séminaire de Québec (salle 0236- le Réfectoire)

Madame Dumont,
Membres de la famille de monsieur Fernand Dumont
Messieurs les doyens,
Chers donateurs,
Chers collègues,
Distingués invités,

Au nom de l'Université Laval, je suis très honoré et fier de procéder aujourd'hui au lancement des œuvres du regretté Fernand Dumont, cet homme engagé, ce sociologue, philosophe, essayiste, poète et universitaire qui a contribué de façon exceptionnelle au rayonnement de notre établissement et au devenir du Québec.
Bien qu'il soit difficile, et je dirais même réducteur, de tenter de résumer toutes les dimensions de sa vie, vous me permettrez, d'entrée de jeu, de rappeler brièvement la remarquable carrière de cet homme d'exception né - de façon presque prémonitoire - un 24 juin, en 1927 dans une famille ouvrière de Montmorency en banlieue de Québec.

À cette époque, où il était courant que les enfants intègrent l'usine pour travailler dès la fin de leur septième année, Fernand Dumont, étudiant passionné, convainc ses parents de le laisser poursuivre sa formation auprès des frères, à l'école publique, avant de s'inscrire au Petit Séminaire de Québec en Belles-Lettres. Il étudie par la suite à l'Université Laval où il obtient une maîtrise en sciences sociales et à la Sorbonne où il obtient un certificat d'études supérieures en psychologie. En 1955, il complète un doctorat en sociologie à l'Université de Paris.
Cette même année, il devient professeur à l'Université Laval : c'est l'amorce d'une vie professionnelle extraordinaire consacrée à l'enseignement, à la réflexion, à la recherche et à l'action qui lui vaudront une reconnaissance internationale et le respect de ses compatriotes.

En 1963, Fernand Dumont devient directeur du département de sociologie et d'anthropologie de notre institution et, en 1965, il est directeur d'Études, associé à l'École des hautes études de Paris. Son ouverture sur les autres disciplines, notamment l'histoire et la philosophie, et son approche scientifique rigoureuse l'incitent ensuite à fonder, à l'Université Laval, l'Institut supérieur des sciences humaines qu'il dirige de 1967 à 1973.

Dans les années 1970, il préside une commission sur la place des laïcs dans l'Église. En 1976, il accepte d'entrer dans la fonction publique comme sous-ministre du Développement culturel. C'est à ce titre qu'il cosigne le livre blanc qui devait donner naissance à la loi 101. On le reconnaît d'ailleurs comme l'un des "pères" de la Charte de la langue française. Il collabore aussi à la rédaction d'une politique de développement culturel rendue publique en 1978.

Mais par la suite, Fernand Dumont, pédagogue et universitaire dans l'âme, préfère revenir à l'enseignement et à la recherche. Il fonde, en 1979, l'Institut québécois de recherche sur la culture qu'il dirige pendant dix ans. Sous son leadership, l'interdisciplinarité des sciences humaines et sociales s'y épanouit. Les chercheurs y travaillent en "chantiers" sur les grandes thématiques socioculturelles québécoises, contribuant, plus que jamais, à l'abolition des cloisons entre les disciplines.

Fernand Dumont est reconnu comme ayant été un professeur d'exception et s'avéra un maître à penser de générations d'étudiants en sciences sociales. Ses exposés structurés et complets, appuyés par une qualité d'expression très soignée, déclenchaient l'enthousiasme de ses disciples qui, encore aujourd'hui, se souviennent de sa capacité à lancer des ponts entre des auteurs très différents et, surtout, à formuler une pensée personnelle originale. On rapporte même que les cours donnés par M. Dumont étaient non seulement courus par un grand nombre d'étudiants mais également par ses collègues qui envahissaient les derniers pupitres.

Fernand Dumont a aussi formé des générations de chercheurs. Il a su transmettre à ses étudiants et collègues une méthode, une rigueur, une passion et, par-dessus tout, une conscience professionnelle sans lesquelles les sciences humaines et sociales n'auraient pas connu le développement ni occupé l'espace qui ont été les leurs au Québec depuis plus de trente ans. En ce sens, Fernand Dumont aura été ici l'un des grands fondateurs de la recherche d'aujourd'hui dans divers domaines de ces sciences.

Tout au cours de sa carrière de professeur et de chercheur, Fernand Dumont s'est également toujours fait un devoir de vulgariser et de partager ses connaissances et sa vision de la culture québécoise avec les principaux intéressés: les Québécois. Il n'a pas hésité à participer aux grands débats publics et à aider le peuple québécois à mieux comprendre sa genèse, son développement, son présent et son espoir d'émancipation.

À cinquante ans bien sonnés, cet amoureux infatigable de l'apprentissage n'a pas hésité à redevenir étudiant pour obtenir, en 1987, un doctorat en théologie de l'Université Laval.

Parmi ses nombreuses autres réalisations, mentionnons qu'il a également été :
directeur de la collection "Sciences de l'homme et humanisme" chez HMH; co-fondateur de la revue " Recherches sociographiques et directeur de " Questions de culture " et de la collection "Histoire et Sociologie de la culture" aux Presses de l'université Laval.

Il a été membre de plusieurs comités et sociétés savantes tel que : le Conseil scientifique de l'Association des universités de langue française, le Conseil de direction de la Chaire sur la culture française en Amérique, le Conseil de direction du Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal.

Il a également collaboré à diverses revues dont "Maintenant", "Relation", "Liberté Lumière et Vie", "Communauté chrétienne", "Esprit" et a aussi écrit pour "Le Devoir" et "Le Monde diplomatique". Fernand Dumont a publié de nombreux essais, une quinzaine d'ouvrages et plus de 200 articles. Plusieurs de ses publications ont été diffusées à l'étranger. Tout au cours de sa carrière académique, il a également été professeur invité dans plusieurs universités et a reçu de nombreuses distinctions.

Il a notamment été boursier de la Société royale du Canada et de la Fondation-Killam, récipiendaire du Prix littéraire de la ville de Montréal, du Prix du gouverneur général, de la Médaille Parizeau de L'ACFAS, du Grand prix littéraire du Québec, du Prix scientifique du Québec, du Prix Athanase-David, du Prix Esdras-Minville, du Prix Québec-France, du Prix Léon-Gérin, d'un doctorat honorifique de l'Université de Sherbrooke et de l'Université de Paris.

Fernand Dumont est, sans conteste, l'un des plus importants penseurs québécois du XXe siècle. Fernand Dumont a représenté un phare, tant par sa réflexion et par ses écrits que par son implication dans l'action. À son décès en 1997, il nous a laissé en héritage une oeuvre colossale, tant du point de vue de la recherche scientifique que de la littérature.

En hommage post mortem à ce professeur émérite, chercheur prolifique et intellectuel résolument engagé dans son temps, des collègues du département de littérature et des Facultés de philosophie, de sciences sociales, de théologie et de sciences religieuses avec l'appui du Rectorat, ont entrepris, il y a trois ans, de réunir l'ensemble de ses livres dont certains n'existent plus en librairie, dans un magnifique coffret qui vous sera dévoilé dans quelques instants. Les principaux artisans de cette œuvre collective sont :

Mme Marie-Andrée Beaudet, du Département de littérature de la Faculté des lettres; Mme Lise Fournier-Darveau de la Faculté de sciences sociales; M. François Dumont du Département de littérature de la Faculté des lettres; M. Luc Langlois de la Faculté de philosophie; M. Jacques Racine de la Faculté de théologie et sciences religieuses.

Le Comité d'édition qui a rendu possible ce projet était formé de : M. Serge Cantin de l'UQTR; M. François Dumont du Département de Littérature de l'Université Laval; M. Fernand Harvey de L'INRS - Urbanisation, Culture et Société; M. Léo Jacques des Presses de l'Université Laval, M. Simon Langlois du Département de sociologie de l'Université Laval, M. François Ricard de l'Université McGill.

Recevez, mesdames, messieurs, au nom de la direction de l'Université et en mon nom personnel, toute notre appréciation pour cette initiative exceptionnelle qui immortalise, de magistrale façon, dans notre mémoire institutionnelle et collective, la pensée, les enseignements, l'engagement social et l'humanité de ce grand homme dont la carrière académique dépasse largement les frontières de notre institution, transcende les limites de ses disciplines et continue de rayonner.

En terminant, je tiens également à exprimer toute ma gratitude à la famille de M. Dumont et, en particulier, à son épouse, Mme Cécile Lafontaine-Dumont, pour leur précieuse collaboration et leur généreuse contribution à la réalisation de ce recueil. Votre appui soutenu témoigne de l'attachement profond que vouait M. Fernand Dumont à son alma mater et nous vous en sommes très reconnaissants.
Merci également aux donateurs. Votre geste généreux vient confirmer le respect et l'admiration que cet homme d'exception s'est mérité de ses pairs.

À toutes et tous, merci de votre présence à ce lancement des Œuvres de Fernand Dumont. Je vous souhaite une agréable soirée.

 
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