Monsieur le président de
la Chambre,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Je voudrais tout d'abord vous remercier de l'invitation que vous m'avez faite de venir vous rencontrer ce midi, me donnant ainsi l'occasion de revenir une fois de plus dans la Beauce.
Vous savez, à chaque fois que je rencontre des Beaucerons ou des Beauceronnes, que ce soit André Roy, Roger Carette, Jeannine Routhier ou ce nouveau membre fort apprécié de notre Conseil d'administration à Laval, Hervé Pomerleau, j'ai toujours en tête cette invitation des gens de la Beauce: l'important, me répètent-ils, ce n'est pas de venir en Beauce, mais bien d'y revenir. Alors, me voilà ici une fois de plus et, pour l'occasion que vous me fournissez, je vous remercie.
Je voudrais brièvement,
ce midi, parler de la Beauce et de l'Université Laval,
puis de l'Université Laval et du Centre universitaire des
Appalaches. Je voudrais aussi vous dire comment je vois la collaboration
entre l'Université et le Centre universitaire et, plus
largement, la région.
Ce n'est pas à vous, Beaucerons et Beauceronnes, que j'expliquerai le modèle beauceron. Je dis bien le modèle qui fait que, de toutes les régions du Québec sans exception, c'est votre région qui est, par excellence, le leader du développement local et régional d'activités économiques et sociales. La Beauce, depuis des générations, est ce lieu où les habitants, dans un milieu " tricoté serré ", s'entraident pour innover, conquérir le monde et maîtriser leur avenir.
Entrepreneurs audacieux, les Beaucerons sont le reflet moderne des coureurs des bois qui n'hésitaient pas à parcourir le continent pour y faire des affaires. On jurerait qu'il y a ici un gène, des molécules, un je ne sais quoi qui font de vous des innovateurs, des créateurs d'entreprises et d'emploi, un je ne sais quoi qui crée un milieu où l'excellence dans la production est reconnue. En outre, la Beauce est aussi reconnue pour l'entraide et le dévouement de ses citoyens.
Parlant du dévouement beauceron, je veux rendre un hommage vibrant et sincère à Gilles Fortin, qui a été membre de notre Conseil d'administration depuis le début en 1991. Son attachement, son dévouement et sa loyauté à l'égard de l'Université Laval ne se sont jamais démentis et ont toujours été grandement appréciés au sein de notre communauté. Son récent décès a été pour nous comme pour la Beauce une perte que nous ressentons tous et que nous regrettons.
Lorsqu'on réalise le dynamisme de la Beauce, on ne peut s'empêcher de noter que l'Université Laval commence à vous ressembler sérieusement. Seuls des ignorants peuvent encore penser que l'Université Laval sommeille doucement, protégée par sa langue et son relatif isolement des grands centres dans la bonne vieille ville de Québec. Au contraire, votre partenaire universitaire se distingue par son esprit d'entreprise et d'innovation, par son ouverture sur le milieu local et sur le monde et ce, au nom même de la qualité de la formation de ses étudiants et de leur insertion sur le marché du travail. Les exemples en ce sens sont nombreux.
Ainsi, lorsque le gouvernement fédéral s'est retiré du domaine du placement universitaire, l'Université Laval a créé son propre service de placement qui est rapidement devenu l'un des meilleurs services de placement des universités canadiennes par son dynamisme, par sa créativité, par la diversité de ses initiatives, par son approche-client auprès des employeurs et par son utilisation des nouvelles technologies de l'information.
Autre objet de fierté: Entrepreneuriat Laval. Ce projet issu de la Faculté des sciences de l'administration a grandement aidé à développer chez nos étudiants de nouvelles attitudes vis-à-vis du marché de l'emploi, en stimulant leur esprit d'entreprise pour inciter un nombre croissant d'entre eux à créer leur propre emploi, sinon leur propre entreprise. L'Université Laval est probablement l'université québécoise qui, ces dernières années, a fait le plus de progrès pour soumettre ses programmes d'enseignement, ses facultés et ses services à un processus rigoureux et rapide d'évaluation dans lequel les experts externes, jadis peu sollicités, jouent maintenant un rôle indispensable.
De plus, tout comme vous, nous croyons que nos diplômés, s'ils veulent percer dans un univers changeant, doivent s'ouvrir au monde et maîtriser au moins une deuxième langue. ,C'est pour cette raison que nous avons adopté une politique d'internationalisation de la formation l'an dernier, et que nous sommes à définir la stratégie et les moyens de mise en uvre de cette politique. L'Université Laval est une des universités canadiennes les plus engagées en coopération internationale et l'un des plus importants partenaires de l'Agence canadienne de développement international (ACDI).
Elle a signé des ententes actives avec des universités de toutes les parties du monde, dans plus de 55 pays. Elle fait figure de leader au sein de la francophonie universitaire. Ainsi, après notre rencontre, je vais sauter dans un avion pour Bucarest où je signerai demain le protocole de mise en place d'une école doctorale ouverte aux étudiants de tous les pays de l'Europe de l'Est pour former une nouvelle génération de professeurs en sciences sociales et économiques.
De plus, près de 1 600 étudiants étrangers sont inscrits à Laval, ce qui témoigne éloquemment de la force d'attraction et du rayonnement international de nos activités de recherche et de nos programmes d'études supérieures. En somme, nous pensons que nous sommes sortis, depuis une vingtaine d'années, des habitudes et de la tradition pour devenir novateurs.
Nous sommes passés de la mentalité de " village " à celle de l'ouverture au monde, de l'université source de " formation à vie " à l'université " port d'attache " à laquelle on revient périodiquement au cours de sa carrière pour mettre à jour ses connaissances. Enfin, je ne me pardonnerais pas d'oublier de mentionner les progrès de l'Université Laval en recherche, où les fonds qui y sont consacrés dépassent les 100 millions annuellement, et nos efforts de transfert des applications de la recherche pour en faire profiter notre région. Grâce à l'Université, des entreprises de haute technologie comme Infectio Diagnostic sont créées, entreprises dans lesquelles l'Université a décidé de participer au capital-actions pour l'aider à diversifier ses sources de revenus.
L'Université Laval et le CUA
Un mot maintenant du Centre universitaire des Appalaches. Créé en août 1991 par un protocole conclu entre l'Université Laval, l'Université du Québec, le Cégep Beauce-Appalaches, le Collège de la région de l'Amiante et la Corporation des services universitaires en Chaudière-Appalaches, le Centre universitaire des Appalaches, sis à Saint-Georges-de-Beauce a fêté ses six ans en août dernier, soit presque l'âge de raison, comme on le disait autrefois.
Même si la création du CUA a été le fait de plusieurs partenaires, son action en formation a toujours été centrée sur les domaines qui sont propres à la culture de la région. Ces domaines, vous les connaissez aussi bien que moi. Il s'agit de la gestion de la production, notamment au sein des petites et moyennes entreprises, puis de la formation des maîtres, du service social et de l'animation communautaire. La gestion de la production et son importance pour le milieu sont remarquablement mises en relief dans des initiatives de collaborations telles que le CIMIC et le SITTE.
Pour l'Université Laval, le Centre universitaire des Appalaches est d'abord et avant tout un investissement dans une infrastructure régionale d'enseignement supérieur adaptée aux réalités du milieu. C'est aussi un investissement dans le développement d'une région en collaboration étroite avec ses leaders. En d'autres mots, pour reprendre les termes d'un membre de notre Conseil d'administration la semaine dernière, l'Université Laval a investi dans " une ligne d'affaires " en Beauce. Nous savons bien que nous ne sommes pas les seuls partenaires universitaires du CUA, mais nous savons aussi que nous en sommes le partenaire majeur.
Ce partenariat doit être poussé au maximum dans les domaines où l'action du CUA a le plus de chances d'attirer les meilleurs étudiants dans les programmes qui servent bien la région et qui en exploitent les caractéristiques distinctives. Ces programmes, ils ne proviennent pas exclusivement de Laval. Certains proviennent de l'UQTR. On me dit même que le CUA veut diversifier son offre de programmes en puisant dans les banques d'autres universités.
Il n'existe donc pas d'exclusivité de relations ou de liens entre le Centre et l'Université Laval. Malgré cela, l'Université Laval a toujours cherché à bien faire ici ce qu'elle avait à faire. Qu'il s'agisse de l'adaptation de ses programmes de génie à la réalité beauceronne, ou d'investissements dans des classes interactives, l'engagement de l'Université Laval s'est toujours voulu et se veut encore sa contribution au développement de l'enseignement supérieur ici. Mais, pendant que nous faisons ce que nous avons à faire en Beauce, nous devons aussi poursuivre le développement de l'Université Laval sur tous les plans et ce, dans un contexte difficile.
Dans ce sens, j'ai entrepris, durant l'été, une tournée de tous les cégeps de notre bassin naturel de recrutement pour établir des contacts avec leurs directeurs généraux et, dans plusieurs cas, les directeurs des études. Ce " bassin naturel " de recrutement, il va approximativement de l'autoroute 55 à l'ouest jusqu'à Gaspé à l'est, et il inclut bien entendu les cégeps partenaires du Centre universitaire. Nos relations privilégiées avec le Centre universitaire ne peuvent ni ne doivent nous faire oublier qu'au-delà des programmes spécifiques à la région de la Beauce et de l'Amiante, l'Université Laval demeure une grande université " complète ", dont les activités couvrent à peu près tous les volets du savoir, de l'astrophysique à la zoologie, en passant par le génie, la médecine et la théologie.
En ce sens, le Centre ne doit pas s'étonner que l'Université Laval entretienne des relations directes avec tous les cégeps de son bassin de recrutement, y compris les cégeps partenaires du Centre universitaire. L'accueil que j'ai reçu partout chez les directeurs généraux de cégeps, ici dans la région comme ailleurs, a été extrêmement favorable. Nous avons pu explorer des projets de collaboration fort intéressants, en particulier en ce qui concerne le " continuum " cégep-université et le passage du DEC technique à l'université. Nous avons convenu de relancer les rencontres annuelles des directeurs généraux des cégeps avec la direction de l'université. La prochaine de ces rencontres aura lieu le 6 décembre.
Toujours au chapitre du développement de l'Université, j'ai demandé à tous nos doyens de faire naître et avancer des projets de collaboration dans leurs champs disciplinaires propres. On lisait dans les journaux lundi dernier que le Centre hospitalier de la région de l'Amiante (CHRA) est maintenant reconnu officiellement comme centre affilié à l'Université Laval et comme milieu d'enseignement à la fois par la Faculté de médecine et le Collège des médecins du Québec. Cette reconnaissance fait suite à une évaluation très positive du programme offert à cet endroit depuis deux ans aux médecins résidents de l'Université Laval.
Voilà qui pourrait être vrai de projets de notre Faculté de médecine dentaire, de notre Faculté de musique, de notre Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation dans leurs domaines respectifs, bref, de toutes ces facultés qui n'ont pas de relations spécifiques avec le CUA, mais qui n'en considèrent pas moins la Beauce comme une région où il s'avère intéressant et productif de nouer des collaborations et de faire avancer des projets liés à l'enseignement, à la recherche et au progrès de la région.
Mes rencontres avec les directeurs généraux des cégeps de l'est du Québec m'amènent à penser que Laval a un rôle irremplaçable à jouer en appui au développement des régions; nous examinerons en collaboration avec les cégeps les moyens de mieux jouer ce rôle.
À la lumière de tout ce que j'ai énoncé jusqu'ici, j'aimerais dire un mot de la question du climat de collaboration entre le CUA et l'Université Laval. En premier lieu, cette collaboration entre le CUA et l'Université Laval doit se maintenir et se développer dans un climat de confiance. Le CUA a déployé des efforts louables en ce sens depuis 1991. Je ne peux passer sous silence ici la contribution remarquable de Mme Jeannine Routhier dans l'établissement de cette collaboration, dans sa " conscription " du milieu pour soutenir le CUA, et dans les succès réalisés jusqu'ici.
Mais je vous le disais tantôt, de son côté, l'Université Laval a beaucoup investi dans le Centre universitaire des Appalaches. Vous êtes en affaires. Vous savez comme moi qu'un investissement doit entraîner à terme des rendements, un retour. L'Université Laval, partenaire majeur du CUA et de la Beauce, s'attend à voir ses investissements devenir pleinement productif sous forme d'inscriptions d'étudiants et de collaboration de recherche. Pour nous, une des façons de rentabiliser notre investissement est d'attirer de nouveaux étudiants dans les programmes du CUA adaptés à la réalité régionale beauceronne.
Nous demeurons persuadés, à l'Université Laval, que le Centre universitaire des Appalaches est sur la bonne voie. Mais nous croyons aussi que son succès dépend en grande partie de son acharnement non pas à tenter de diversifier à tout prix son offre de programmes, mais bien à démontrer hors de tout doute aux jeunes Beaucerons et aux jeunes Beauceronnes intéressés que les programmes pour lesquels le Centre universitaire a été créé sont les meilleurs qu'ils peuvent fréquenter.
J'insiste encore ici sur les domaines du génie mécanique, de la gestion de la production dans le contexte des P.M.E., de la formation des maîtres, du travail social et de l'animation communautaire. Je suis moi-même ingénieur et professeur de génie. Je ne peux que me réjouir du programme de génie mécanique adapté aux P.M.E., programme spécifique à la Beauce. Une vingtaine d'étudiants y sont déjà inscrits. Pour moi, ce n'est qu'un début. Je souhaite que dans ce programme, nous progressions de façon constante. J'espère même que ce progrès, avec le temps, dépassera le seul domaine de l'enseignement pour déboucher aussi sur des projets de recherche en collaboration avec CIMIC et le SITTE.
Dans le domaine de la formation des maîtres, nous venons de recevoir de la Banque nationale un don majeur de 750 000 $ pour la création du " Fonds Banque nationale en éducation ". Ce nouveau fonds permanent, dont les intérêts seront entièrement consacrés au Réseau des écoles associées à l'Université Laval, est un atout précieux pour notre Faculté des sciences de l'éducation. En faisant ce don, le président de la Banque nationale, André Bérard, a rappelé le lien étroit qui unit la qualité de la formation et la prospérité économique: " Dans le monde d'aujourd'hui où les standards d'excellence sont très élevés et où la concurrence est internationale ", a-t-il dit, " la formation de la main-d'uvre détermine en grande partie la compétitivité d'une entreprise et dépend évidemment de la qualité des institutions d'enseignement. " L'Université Laval entend maintenir une présence active au niveau de la formation tant initiale que continue des maîtres dans la région Beauce-Appalaches. La présence du Centre universitaire des Appalaches (CUA) s'avère un instrument important à cet égard.
Les composantes de cette intervention de Laval en formation des maîtres dans la Beauce sont les suivantes: l'offre de programmes de baccalauréat en formation initiale (Baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire - BEPP et Baccalauréat en enseignement secondaire - BES) par le biais du CUA; la formation continue des maîtres en exercice en Beauce par le biais de programmes courts offerts au CUA; la mise en place d'un ensemble performant de stages de formation initiale dans l'ensemble des écoles de la région.
Je ne peux m'empêcher de noter la présence d'André Roy, président de la nouvelle commission scolaire regroupée, et de souhaiter que le nombre d'écoles associées à notre réseau augmente en Beauce et dans la région de l'Amiante. Le recteur de Laval n'a pas à dicter sa loi au Centre universitaire des Appalaches, mais il lui est permis de souhaiter que ses administrateurs et son personnel réalisent que le Centre réussira là où il excelle déjà.
Il est temps de conclure. J'ai accepté de venir vous rencontrer ce midi et, comme je le disais au début, de revenir en Beauce une autre fois parce que je suis convaincu qu'il existe entre l'Université Laval et votre région, entre l'Université Laval et le CUA les conditions d'une collaboration fructueuse. Cette collaboration demande esprit d'ouverture et confiance entre les deux partenaires. Si nous réussissons à maintenir cette collaboration fructueuse, c'est un avenir exceptionnel qui attend le CUA et l'Université Laval.
Cet avenir se manifestera dans un partenariat ouvert, et dans une reconnaissance véritable de l'apport de l'Université Laval à la région, du soutien de l'Université Laval au Centre universitaire des Appalaches. En août 1996, le CUA se réjouissait d'avoir eu plus de 700 diplômés en moins de cinq ans.
En ma qualité de recteur de l'Université Laval, je me permets d'espérer voir au dixième anniversaire du Centre en 2001 le double, sinon le triple de ce total. Nous croyons que le succès du Centre universitaire a été possible jusqu'à maintenant en raison de la réponse positive des facultés et écoles de notre université aux demandes du Centre. L'engagement de l'Université Laval à l'égard du Centre universitaire des Appalaches est clair et ferme, et l'avenir me paraît devoir suivre les voies suivantes: l'intensification des activités du Centre et l'avènement d'une véritable culture de la formation, ingrédients indispensables à la promotion sociale et économique de la région.
La consolidation du Centre par la création d'une corporation de gestion du Centre (ce qui a été fait); l'adaptation des programmes aux besoins spécifiques de la région et, notamment, à la configuration de son économie; l'usage optimal des technologies de l'information et, enfin, une plus grande implication des entreprises de la région dans le Centre.
Dans tout cela, je vous l'assure, l'Université Laval et
ses composantes veulent continuer d'être à l'écoute
des besoins d'une région qui suscite partout l'admiration
par son dynamisme et sa ténacité. Mon souhait le
plus ferme est que le partenariat entre l'Université Laval
et le Centre universitaire des Appalaches se concentre dans des
actions bien ciblées menées avec le même esprit
qui fait de la Beauce une région spéciale où
fleurit un esprit de collaboration, d'innovation et d'ouverture.
J'espère également que nous saurons exploiter toutes
les avenues qui s'ouvriront à nous pour faire en sorte
que l'Université Laval contribue dans toute la mesure de
ses moyens au développement économique, social et
culturel de la grande région de Québec -Beauce-Appalaches.
Je vous remercie.