Monsieur le Président
de la Chambre,
Mesdames et messieurs de la table d'honneur,
Chers amis,
En tout premier lieu, permettez-moi de féliciter chaleureusement les trois boursiers que vous venez d'honorer, et de leur souhaiter d'excellentes études à l'Université Laval. Je vous remercie de votre invitation à prendre la parole ici ce midi. Cette invitation arrive à point parce qu'elle me permet, après une escapade montréalaise de huit ans, de reprendre contact avec des représentants engagés du monde des affaires de la ville et de la région de Québec pour faire le point avec vous sur ce joyau de Québec et de sa région, ce premier partenaire de la grande région Québec Chaudière Appalaches, l'Université Laval.
J'ai parlé de "joyau", parce que l'Université Laval en est bien un pour sa région, ses entreprises et sa population. Pourtant, une des choses qui m'ont frappé, entre nous, à mon retour à Québec, c'est une certaine indifférence d'une partie de la société de Québec à l'endroit de ce qui se fait de bien à Laval, indifférence mêlée, à l'occasion, de critiques dont certaines nous semblent gratuites. Je vous avoue que j'en suis un peu surpris parce que je suis profondément convaincu que si Laval a besoin de l'appui régional pour prospérer, la région doit aussi compter sur son université pour progresser et se développer, surtout dans le contexte actuel de conversion économique. Ce midi, je veux d'abord vous faire part de quelques bonnes nouvelles.
La première, c'est qu'après plusieurs années de baisses plus ou moins prononcées de ses clientèles étudiantes, l'Université Laval connaît cet automne une croissance nette de 4,6 % de sa population étudiante. Votre université est la seule de toutes les grandes universités québécoises à connaître une hausse. Notre hausse est une bonne nouvelle pour nous, pour vous et pour la région. L'augmentation de nos clientèles, même modeste, provient de l'effort de tous à l'Université, effort qui s'est traduit par de nouveaux programmes, un accueil plus soigné, un encadrement amélioré, une publicité et une information mieux ciblées et des professeurs et des responsables d'unités engagés.
Ce résultat implique que l'Université Laval a attiré cette année un peu plus de personnes de l'extérieur de notre région pour un séjour de plusieurs années ici. En stricts termes économiques, il y a là une valeur ajoutée indéniable. Parmi ces étudiants venus à Laval figure un contingent de 1600 étudiants qui nous arrivent de l'étranger. En plus d'être importante et intéressante au plan culturel, cette présence d'étudiants d'origine étrangère joue aussi un rôle économique qui ne laisse pas indifférent. Une étude a montré, il y a quelques années que les coûts totaux qu'entraînent ces étudiants s'élèvent à près de 9 M$ annuellement, alors que les bénéfices, en terme de dépenses effectuées dans la région, se chiffrent à plus de 11 M$. Voilà un bénéfice net intéressant pour la région. D'autres études similaires effectuées ailleurs au Canada ont produit des résultats comparables. Mais ce n'est là qu'un seul aspect de l'effet de la présence des étudiants d'origine étrangère. Il y en a d'autres, plus importants peut-être.
Si on se rappelle que la plupart de ces étudiants retournent dans leur pays au terme de leurs études pour y exercer des fonctions professionnelles, on réalise qu'il s'agit là, pour l'Université comme pour la région et pour le Québec tout entier, d'un important contingent d'ambassadeurs susceptibles de créer des liens culturels et économiques durables avec nous. Ces étudiants, en raison même de la formation qu'ils sont venus chercher ici, accèdent rapidement à des postes de commande dans les entreprises ou dans les organisations gouvernementales de leur pays, ils sont donc susceptibles de penser d'abord à nous dans leur recherche de partenaires commerciaux. C'est-à-dire qu'ils penseront à nous si nous prenons la peine de nous faire connaître d'eux durant leur séjour parmi nous. Je vous l'affirme sans détour : il vaut la peine que le milieu des affaires de notre région s'engage dans l'accueil des étudiants étrangers et voie à nouer des contacts personnels avec eux, que ce soit à l'occasion de stages, pour lesquels la demande est grande, ou d'autres rencontres montées à cette fin. Quant à nous, notre intention est de faire croître ce contingent d'étudiants d'origine étrangère et d'offrir à tous nos étudiants une formation plus tournée vers l'international. Le Conseil Universitaire vient d'ailleurs de constituer ce matin un groupe de travail sur l'action internationale de l'Université Laval.
Enfin, l'augmentation de notre clientèle veut aussi dire au total plus d'étudiantes et d'étudiants d'ici et d'ailleurs qui viennent à Laval chercher le savoir et contribuer à son développement avec leurs professeurs. Avec eux, ils bénéficient de l'obtention des subventions de recherche qui constituent un apport important de capitaux dans la région. Je vous indique que près de 1 100 de nos 1 500 professeurs vont chercher bon an mal an plus de 100 M$ en fonds de recherche qui se dépensent à Laval et dans la région.
En 1996-1997, le montant approche les 120 M$. La majorité de ce montant, je le rappelle, vient de l'extérieur de la région, ce qui fait de l'Université Laval l'équivalent d'une importante entreprise exportatrice de haute technologie. En fait, l'action de nos professeurs-chercheurs place Laval au 5e ou 6e rang des 10 universités canadiennes les plus engagées en recherche, celles que l'on appelle entre nous "Le groupe des dix", et elle contribue à faire de l'Université Laval une université compétitive à l'échelle mondiale. Voilà donc quelques bonnes nouvelles.
Ce midi, je voudrais aussi jeter un il sur la conjoncture globale qui nous affecte tous, vous rappeler l'importance de l'interaction entre l'Université Laval et son milieu régional.
LA CONJONCTURE
Commençons par la conjoncture. Il y a quelques semaines, ici dans cette même salle, j'avais l'occasion de participer à la fête des 50 ans de promotion de nos diplômés de 1947. Cette fête émouvante m'a permis de réaliser concrètement ce que veut dire un demi-siècle de progrès. L'Université Laval, au lendemain de la guerre, comptait environ 1000 étudiants, toutes facultés confondues. Cette année, nous en avons près de 34 000. Nos diplômés de 1947 quittaient leur Université diplôme en poche pour entreprendre une carrière avec l'assurance des connaissances acquises. Ils ne ressentaient guère le besoin d'y revenir.
Aujourd'hui, tout est changé. La globalisation des économies fait que le savoir est maintenant reconnu pour ce qu'il est, c'est à dire une richesse collective, un facteur de progrès économique et social et un atout dans la position compétitive des nations. Ce savoir est, par ailleurs, en évolution rapide et personne ne peut plus prétendre vivre seulement sur les acquis d'une formation initiale, aussi bonne soit elle. Ceci se traduit par un accroissement du rôle d'acteur économique des universités et par de nouvelles attentes : attentes accrues quant à la qualité et à la pertinence de nos programmes de formation, quant à l'accessibilité, à la durée des études et aux taux de diplômation, quant au placement de nos diplômés, quant à l'efficacité de la gestion des fonds publics mis à notre disposition.
Il y a deux semaines, votre président traitait à cette même tribune, et je cite, "du besoin pressant de reconversion de notre économie... en offrant à notre main-d'uvre actuelle une formation continue qui, bien entendu, doit tenir compte des nouvelles technologies". On ne saurait être plus d'accord. La nécessité pour tous les citoyens actifs de s'adapter continuellement à une connaissance qui s'accroît et à un marché du travail marqué par la mobilité oblige nos sociétés et leurs universités à s'organiser en fonction de besoins de formation la vie durant.
L'université moderne devient de plus en plus, pour ses étudiants et ses diplômés, un port d'attache auquel on revient régulièrement, plutôt que la traditionnelle rampe de lancement vers une carrière fondée sur les acquis d'une formation initiale. Enfin, la création de la richesse économique est de plus en plus le résultat de la recherche et du développement technologique, plutôt que de la simple exploitation des richesses naturelles. Dans cette mutation, les universités jouent un rôle central en produisant des recherches qui doivent se traduire par la création de nouvelles entreprises et de nouveaux marchés. Ce rôle des universités est particulièrement important au Québec où la R & D industrielle est encore faible par rapport à ce qui se fait dans les autres pays développés avec lesquels nous sommes en compétition. Il ne faut pas se surprendre de voir les gouvernements s'intéresser de plus en plus au développement de collaborations université-industrie dans le domaine de la recherche, et aux mécanismes de transfert technologique.
Or ce rôle accru des universités doit s'exercer dans un contexte de compétition internationale de plus en plus vive pour les meilleurs cerveaux, professeurs et étudiants, mais aussi dans un contexte de finances publiques de plus en plus restreintes. Il y a là une large mesure de contradictions, surtout quand on sait que les universités québécoises fonctionnent actuellement avec des ratio étudiants/professeur qui sont 50 à 100% plus élevés que ceux qu'on trouve dans les universités d'autres pays développés avec lesquels nous sommes en compétition.
J'ose espérer que la société québécoise réalise bientôt la nécessité d'accroître l'investissement collectif dans l'enseignement universitaire pour nous assurer un avenir dans le groupe des économies développées qui sont, de plus en plus, des économies du savoir.
Je ne peux conclure ces remarques sur la conjoncture sans vous parler de notre situation financière. Toutes sortes de choses ont été dites sur l'état de nos finances. Permettez-moi donc d'être très clair ici ce midi : les finances de l'Université Laval demeurent parmi les plus saines du réseau universitaire et sa gestion, une des plus rigoureuses. Nous avons du absorber 56 millions de dollars de coupures dans nos bases de financement soit un rythme de 7% par an depuis trois ans. Ayant épuisé toutes nos marges de manuvre, nous prévoyons un déficit d'opération de 18 millions cette année. Le mois prochain, un plan de résorption de ce déficit sera présenté pour approbation au Conseil d'administration, plan qui prévoira également un volet de développement de l'Université Laval.
Il nous faut en effet éviter à tout prix d'ajouter un déficit intellectuel au déficit financier. Il nous faut à tout prix conserver une capacité d'innovation pour que Laval continue de jouer le rôle qui lui revient dans le développement de la région et du Québec tout entier. Comme nos difficultés actuelles sont conjoncturelles et non structurelles, nous aussi, comme les gouvernements, nous entrevoyons la lumière au bout du tunnel, et ce n'est pas celle du train qui s'en vient à toute vitesse.
Cette lumière est alimentée par l'énergie interne à notre communauté, qui va nous amener à ouvrir de nouveaux champs d'activité, en particulier dans le domaine de la formation continue, à collaborer plus étroitement avec nos partenaires des collèges, à accroître notre recrutement d'étudiants d'autres régions du Québec et du monde, à développer de nouvelles activités de transfert technologique. Elle est aussi alimentée par l'espoir que le financement de l'enseignement supérieur sera bientôt rétabli à un niveau compétitif correspondant aux exigences d'une société du savoir dynamique et ouverte sur le monde.
L'INTERACTION
Je voudrais maintenant examiner avec vous la question de l'interaction entre l'université et la région et ce, en m'appuyant sur les trois missions fondamentales de l'Université : l'enseignement, la recherche et le service à la collectivité. Au chapitre de l'enseignement d'abord, la première grande interaction de l'Université avec la société a lieu grâce à ses diplômés. De façon un peu anecdotique, je vous rappellerai que nos deux premiers ministres du Canada et du Québec, MM. Chrétien et Bouchard, sont diplômés de Laval.
Mais ce n'est là que la pointe d'un iceberg de 150 000 diplômés. Combien, dans cette salle ce midi, sont des diplômés de Laval ? La qualité de la vie publique et socio-économique de notre région et du Québec est liée en grande partie à la qualité des diplômés de l'Université Laval. Comment maintenir et développer cette qualité qui signifie que le diplôme conféré par l'Université Laval est reconnu, ici comme ailleurs. D
'abord par le recrutement de professeurs bien formés. A cet égard, je rappelle que plus de 80% de nos professeurs sont détenteurs d'un doctorat dans leur discipline et ont été formés dans les meilleures universités, ici ou ailleurs dans le monde. Voilà un premier gage de qualité. Ensuite, la qualité suppose que nous recrutons des étudiantes et des étudiants qui sont parmi les meilleurs, ce que nous faisons depuis de nombreuses années et que j'ai bien l'intention de poursuivre en élargissant nos horizons. Cette qualité exige aussi que l'enseignement soit de fort calibre.
A cette fin, nous avons récemment mis sur pied un Réseau de valorisation de l'enseignement, auquel plus de 800 professeurs se sont joints volontairement à ce jour pour améliorer leur pratique pédagogique et offrir de nouvelles expériences d'apprentissage à nos étudiants. Ce réseau a mis sur pied un Prix d'excellence en enseignement, prix décerné en cette première année au professeur André Ségal, historien de grand renom, honoré aussi au plan national par le Prix 3M, décerné par la multinationale 3 M Canada et la Société pour l'avancement de la pédagogie dans l'enseignement supérieur. Nous allons continuer à investir dans ce domaine du développement pédagogique, en particulier dans les applications des nouvelles technologies de l'information et des communications.
Enfin, cette qualité se mesure par le progrès de la diplomation et du placement de nos diplômés. Ce n'est pas tout de faire entrer des étudiants dans nos murs. Encore faut-il qu'ils en sortent au terme d'une période raisonnable avec un diplôme, baccalauréat, maîtrise ou doctorat, qui les qualifie pour un marché plus compétitif. Au chapitre de la diplomation, l'Université Laval se maintient dans les premiers rangs des grandes universités canadiennes. Elle a décerné cette année 4663 baccalauréats, 1266 maîtrises et 226 doctorats. Quant au placement de nos diplômés, les recherches sur nos cohortes des années antérieures démontrent à l'envi la valeur d'une formation universitaire pour se trouver ou se créer un emploi. En passant, si quelqu'un dans cette salle ne sait pas encore ce qu'est et ce que fait le Service de placement de l'Université Laval, soyez sans crainte : sa directrice, Micheline Grenier saura bien vous rejoindre, vous enrôler dans son réseau de partenaires, et vous trouver les " perles rares " dont votre entreprise a besoin pour assurer sa progression d'affaires.
Vous êtes évidemment les bienvenus si vous décidez de prendre l'initiative du premier contact avec ce qui est, me dit-on, le meilleur service de placement au Québec. La qualité, c'est aussi l'adaptation constante de l'Université aux besoins exprimés par la société. Je mentionne, dans ce contexte, le succès de notre Direction générale de la Formation continue : celle-ci répond à des besoins considérables dans le cadre de la société du savoir, notamment aux besoins de formation continue supérieure des entreprises. Je rappelle, non sans fierté, que le Conference Board vient de reconnaître le programme de Certificat en gestion des organisations de l'Université Laval comme un des 100 meilleurs partenariats entreprise-enseignement de l'année au Canada, Laval étant la seule université au Québec à voir une de ses réalisations citées en modèle, en raison de son partenariat original avec le Mouvement Desjardins.
J'ajoute à cela le " phénomène " - c'est le mot juste - du programme de Certificat en planification financière personnelle. Ce certificat créé l'an dernier connaît un succès énorme, avec près de 2400 étudiants inscrits cet automne. Sous peu, l'Université Laval annoncera qu'elle sera en mesure d'offrir ce programme à la grandeur du Canada, en anglais et en français, en association étroite avec un très important groupe financier. Encore ici, nous avons un exemple frappant d'une interaction agissante entre l'université et la société.
Nous travaillons actuellement à un plan de développement de la formation continue de haut niveau. En ce qui a trait à la deuxième mission fondamentale de l'Université, la recherche, j'ai déjà évoqué l'ampleur des subventions obtenues par nos professeurs. Mais derrière les chiffres, il y a des faits qui ne trompent pas.
Ainsi, les chercheurs de Laval se sont placés au premier rang parmi les 10 grandes universités canadiennes de recherche pour la croissance des subventions obtenues du Conseil national de Recherche en Science Naturelles et Génie (CRSNG). Notre taux de succès dans le programme de subventions stratégiques du CRSNG a été de 44% alors que la moyenne nationale est de 26%. Les subventions reçues du Conseil de Recherche en Sciences Humaines et sociales ont progressé de 56,2% et Laval occupe au Québec la première place pour les subventions stratégiques et la seconde place dans le programme de subventions générales.
Au Fonds FCAR, 37% des nouveaux chercheurs subventionnés dans tout le Québec sont de l'Université Laval. Tout ceci illustre le dynamisme et la qualité des chercheurs de l'Université Laval. Enfin, je souligne le fait que, au palmarès des dix grandes découvertes québécoises de l'année 1996 établi par la revue " Québec Science ", quatre sont le fruit des travaux de groupes de recherche de Laval. Cette recherche, cependant, n'est pas que succès statistiques aux concours des organismes subventionnaires. Elle signifie surtout que nos professeurs, grâce à leur recherche et à leur création, sont des participants actifs à la vie intellectuelle, économique, sociale, culturelle et politique de notre société. La recherche et la création rejoignant monsieur et madame tout le monde.
Ainsi par exemple les Antoine Dumas ou Antoine Bouchard pour leurs contributions à la vie culturelle. Ainsi encore l'action du Groupe de recherche en épidémiologie, dont la découverte sur les moyens d'accroître le taux de grossesse chez des femmes infertiles a été qualifiée de véritable percée dans le New England Journal of Medicine, ou encore des études de Jean Labbé sur la mort soudaine des nourrissons. Je n'en finirais pas de pointer toutes les recherches des chercheurs de Laval dont les résultats touchent la vie quotidienne des gens d'ici et d'ailleurs.
Laissez moi vous en donner quelques autres exemples : L'obésité, vous le savez, n'est pas un problème d'universitaires dont personne, dans cette salle, n'aurait jamais entendu parler... et bien, vous serez heureux d'apprendre que nous venons de mettre sur pied une chaire de plus d'un million de dollars en association avec la compagnie Hoffmann Laroche et le Conseil de recherche médicale du Canada pour appuyer le Dr Claude Bouchard et son équipe dans leurs travaux de niveau mondial sur la question. Je pourrais aussi vous signaler que Jean Bernier, professeur au Département des relations industrielles, vient de participer à la mise en uvre d'un tout nouveau régime de relations de travail dans le contexte de la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. Ou encore, notre climat étant ce qu'il est, que nous sommes tous concernés par les travaux de Michel Pigeon et de son équipe sur la mise au point d'un béton résistant aux ravages du sel, pour résoudre le problème de détérioration des stationnements et pour nous donner des infrastructures routières de longues durées.
Qu'on se le dise : la recherche,
c'est très concret.
J'aborderai la troisième mission fondamentale de l'Université,
le service à la collectivité, qui me permettra en
même temps de traiter de l'interaction entre l'université
et la société et du lien entre l'université
et l'entreprise. Je me dois de vous rappeler dans ce contexte
les noms de ces grands professeurs Léon Dion et Fernand
Dumont qui nous ont quittés tout récemment, et qui
ont tous deux été des piliers de la société
québécoise. Par la profondeur de leurs réflexions,
leur intégrité intellectuelle et leur sens aigu
de leur responsabilité d'universitaire, ils ont constitué
le modèle même de ce que l'université peut
offrir de mieux comme interaction avec la société
à laquelle elle appartient.
Dans un tout autre registre, ce n'est pas à vous que j'aurai
besoin de rappeler les initiatives remarquables de mes prédécesseurs
: je me contenterai d'énumérer des acronymes qui
font maintenant partie de notre langage régional : GATIQ,
Parc technologique, CREDEQ, INO, CEFRIO, etc. Sans l'Université
Laval et son engagement régional, ces outils du progrès,
économique et technologique de notre région ne seraient
pas ce qu'ils sont heureusement devenus aujourd'hui. A ces initiatives,
je veux ajouter la très large participation des professeurs
et autres membres du personnel à une multitude d'instances
régionales de tous ordres.
Dans cette veine, je vous annonce d'ailleurs que j'ai la très ferme intention de maintenir personnellement un rôle proactif intense dans le développement de la région. Depuis mon entrée en fonction, j'ai rencontré bon nombre de leaders et de responsables d'organismes régionaux et établi les bases de notre collaboration. Au cours de ces rencontres, j'ai constamment insisté sur mon intention que l'Université soit de plus en plus impliquée dans le développement régional. Toutefois, je dois vous dire que j'ai aussi été frappé, dans toutes ces rencontres, par un certain fractionnement des intérêts régionaux et par la difficulté, pour reprendre les mots de Réal Moffet lors de son discours ici il y a deux semaines, "de réaliser des objectifs communs et de faire des choix collectifs".
Mes observations, jusqu'ici, me laissent penser que le diagnostic plutôt sévère de votre président colle à la réalité. Je me contenterai, ce midi, de vous réitérer que les initiatives de mes prédécesseurs se sont voulues au-dessus de quelque division régionale que ce soit, et que je compte bien situer mon action dans le même registre au profit de toute la région. Pour favoriser les liens entre l'Université Laval et la société, d'autres moyens bien concrets existent.
Par exemple, deux de nos facultés, la Faculté des sciences de l'administration et la Faculté de foresterie et de géomatique, se sont déjà données des comités consultatifs au sein desquels siègent principalement des représentants du monde des affaires et du monde industriel. Ceux-ci y jouent un rôle important pour permettre de bien orienter nos travaux vers les véritables besoins de la société, tout en encourageant une meilleure connaissance du contexte dans lequel s'organisent nos activités pédagogiques. J'ai récemment invité tous les doyens de l'Université à se donner de tels comités consultatifs. J'y vois une stratégie importante pour assurer une interaction encore plus pénétrante entre l'Université et sa région.
Parlant de la région, vous connaissez comme moi l'importance de l'industrie touristique. Or, j'ai appris que près de 70% des membres du "Club des ambassadeurs" du Centre des congrès de Québec sont des professeurs de Laval, professeurs qui attirent régulièrement dans notre région des congrès importants. Nous aurons le congrès de l'ACFAS en mai 1998. Bien d'autres s'annoncent, qui amèneront à Québec des visiteurs de partout qui seront aussi des touristes d'affaires. J'ai assuré la directrice du Centre des congrès de Québec de notre disponibilité pour aider à accroître le rôle de Québec comme lieu de réunion et de congrès.
Dans un autre secteur, vous connaissez tous déjà notre Centre d'entrepreneuriat et de P.M.E. que le professeur Yvon Gasse dirige de main de maître et qui a contribué à mettre sur pied un bon nombre de nouvelles entreprises dans la région. Associé au CREDEQ, ce centre constitue un outil extraordinaire au service des jeunes diplômés qui doivent de plus en plus créer leur propre emploi et il a permis le développement d'un incubateur d'entreprise dont la région peut être fière.
Autre et différente interaction entre l'université et la société, notre Faculté des sciences de l'éducation a développé, en partenariat avec l'ensemble des commissions scolaires des régions de Québec et Chaudière-Appalaches, un réseau de plus de 100 écoles primaires et 30 écoles secondaires associées. Ce réseau permet à nos étudiants de réaliser les stages de formation pratique qui font partie de leur programme, et d'assurer la formation continue des enseignantes et des enseignants, entre autres en matière de nouvelles technologies de l'information. Cette mission est assez importante pour que la Banque nationale vienne d'y fournir un appui de 750 000$. Que dire de notre Faculté de musique, faculté présente et active dans la région, d'abord par le grand nombre de concerts et autres activités offertes par les professeurs, les étudiants avancés et quelques personnalités invitées.
Vous aurez tous entendu déjà mentionner l'Atelier d'opéra, l'ensemble Vents et percussions de Québec et le Quintette de cuivres de l'Université Laval. C'est une contribution majeure que fait ainsi l'Université Laval à la vie culturelle de la région, mais aussi à son économie, puisque vous savez probablement qu'il faut maintenant parler d'industries culturelles. De plus, notre Faculté joue un rôle très important dans le développement des jeunes talents par son école préparatoire de musique, qui fournit un encadrement pédagogique à des enseignants de l'ensemble de la province. La mise en commun prochaine des ressources du Conservatoire de musique de Québec et de celles de notre faculté de musique va enrichir et approfondir davantage nos interventions dans la région et au-delà.
Je mentionne enfin la participation de professeurs et étudiants d'histoire et d'autres disciplines de la Faculté des lettres aux fêtes des Médiévales en 1996 et aux fêtes de la Nouvelle-France en 1997, sans compter le rôle que d'autres ont joué chaque année dans les Salons du livre ou, cette année, à la Foire internationale du livre en sciences humaines et sociales.
De son côté, notre Faculté des sciences et de génie a participé de façon intime à l'entrepreneurship et a collaboré à la croissance de plusieurs entreprises qui font maintenant notre fierté commune. Je ne citerai ici que Lab-Volt, Exfo, Précitech ou Biogénie, ou encore d'histoire plus récente, Hexa-vision, Exact Gestion ou Silicycle. De plus, la Faculté a récemment pris l'initiative de mettre sur pied un regroupement de chercheurs de génie et de sciences, de fabricants et d'utilisateurs de matériaux provenant de différents centres de recherche de même que d'industries de la grande région de Québec ; il s'agit du Regroupement régional de recherche sur les matériaux qui sera connu sous le sigle R3M. Ce regroupement permettra à la région de devenir plus compétitive dans divers programmes de recherche d'agences gouvernementales.
Je suis heureux de vous annoncer, par ailleurs le développement d'un nouveau mode d'interaction entre l'université et l'entreprise. En effet, l'Université Laval a décidé de prendre une participation sous forme de capital actions dans des entreprises issues des travaux de ses chercheurs comme Immunova et Infectio-Diagnostic. Je compte bien nous voir utiliser plus souvent cette façon de participer directement au développement économique.
Enfin, cette interaction s'incarne dans l'impact économique considérable de l'Université Laval dans la région. En 1996-1997, les dépenses totales de l'Université Laval ont été de 465 M$. Son effet total cependant, si on tient compte des effets directs, indirects et induits, selon le langage des économistes, se chiffrerait à plus de 600 M$, ce qui est l'équivalent de 10,000 emplois à plein temps. La conclusion évidente est qu'au seul plan économique, l'Université Laval est déjà un des principaux moteurs de la région, un de ses principaux partenaires. De plus, étant donné sa nature institutionnelle et l'évolution à la hausse de ses activités de recherche, elle a un effet stabilisateur important qui contribue directement à la qualité de la vie et du climat économique chez nous.
CONCLUSION
Voici donc, brossé en quelques traits, le tableau de l'extraordinaire richesse des interactions entre l'Université Laval et son milieu. Nous devrions tous nous réjouir de cette situation, garante de l'avenir de la région au moment où son activité traditionnelle, la fonction gouvernementale, est en profonde réorganisation. Par l'ouverture sur le monde, par l'appui au développement économique, social et culturel qu'elle donne, par ses contributions à la création d'entreprises et d'emplois dans les secteurs de la haute technologie, l'Université Laval constitue l'une des pierres angulaires de la prospérité présente et future de notre région et du Québec tout entier.
Comme vous le savez, nous en sommes aux derniers mois d'une campagne de souscription de 60 millions. Une forte proportion des 46 millions recueillis à ce jour provient de l'extérieur de la région. Je vous invite tous, si vous ne l'avez déjà fait, à apporter votre contribution pour nous aider à renforcer votre université et, ce faisant, à renforcer votre région.
Comme vous tous et comme toute la région, nous nous préparons, dans notre établissement, à entrer dans un siècle et un millénaire nouveaux. Il y a 15 jours, votre président concluait son discours en affirmant que votre Chambre comptait particulièrement sur le support de ses membres et celui des gens d'affaires pour assumer avec les autres intervenants du milieu le leadership qui lui revient au niveau de la promotion économique de la région.
Je demeure assuré que l'Université Laval pourra aussi compter sur votre support et celui de la région et demeurera, selon les mots de votre président, "un élément respecté et incontournable sur l'échiquier mondial et permettra également de promouvoir davantage la prospérité économique de notre région".Je vous remercie de votre attention.