entete Université Laval

Allocution du recteur de l’Université Laval, M. Denis Brière, à l’occasion de la remise d’un doctorat honoris causa de l’Université Laval à M. Guy Laliberté, président fondateur du Cirque du Soleil, le dimanche 19 octobre 2008, au Théâtre de la Cité universitaire.

Madame la Secrétaire générale,
Monsieur le récipiendaire d’un doctorat honoris causa,
Monsieur le Maire de la ville de Québec,
Monsieur le Président de la Société du 400e anniversaire de Québec,
Chers collègues de la direction de l’Université,
Distingués invités et chers amis,

C’est avec beaucoup de plaisir et de fierté que je m’apprête à remettre cet après-midi, au nom de l’Université Laval, un doctorat honoris causa au Fondateur du Cirque du Soleil, monsieur Guy Laliberté.

Cette remise de doctorat veut non seulement reconnaître publiquement les mérites exceptionnels d’un grand québécois, mais s’inscrit aussi dans les nombreuses contributions de l’Université Laval aux célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec.

L’octroi d’un doctorat honoris causa est une tradition d’excellence à l’Université Laval, première université francophone en Amérique du Nord, fondée ici même dans la belle Ville de Québec. C’est d’ailleurs en 1864 que notre institution a octroyé le premier des quelque 1100 doctorats honorifiques décernés depuis.

L’Université Laval compte aujourd’hui 40 000 étudiants et étudiantes, dont plus de 4 000 proviennent de 110 pays différents. Elle a formé, dans tous les domaines du savoir, au-delà de 220 000 diplômés aujourd’hui répartis partout à travers le monde.

En vous octroyant, M. Laliberté, la plus hautre distinction de notre université, nous vous accueillons dans cette grande famille qu’est l’Université Laval. Nous voulons ainsi souligner non seulement votre parcours professionnel remarquable, mais aussi vos profondes valeurs humaines. Dans les quelques minutes qui me sont accordées, je vais essayer de décrire cette passion et cette grande humanité qui vous animent et qui est une source d’inspiration pour nous tous, ce qui ne sera pas une mince tâche.

Il y a presqu’un an, jour pour jour, Guy Laliberté affirmait au lancement de sa Fondation « One Drop – Goutte de vie », et je cite : « Il y a près de 25 ans, j’ai commencé un rêve. Le rêve de voyager et de divertir les autres. D’offrir aux gens, où qu’ils soient, de petits oasis de joie, des spectacles qui surprennent, qui émerveillent. Le rêve d’un monde meilleur, où nous poserions un nez rouge sur le visage de tous ceux et celles que nous aurions le bonheur de toucher. » Fin de la citation.

Non seulement Guy Laliberté a-t-il magistralement réalisé ce rêve de semer l’émerveillement partout sur la planète, mais en plus, il a résolu de partager le plus largement possible les fruits inespérés de ce rêve avec les plus démunis. Permettez-moi de revenir rapidement sur ces deux aspects centraux de la carrière exceptionnelle de celui que l’Université Laval honore aujourd’hui.

Originaire de notre ville de Québec, Guy Laliberté est d’abord un visionnaire audacieux qui a su reconnaître et cultiver le talent des amuseurs publics de la Fête foraine de Baie-Saint-Paul pour créer, en 1984, le désormais célèbre Cirque du Soleil.

Artiste polyvalent, Guy Laliberté a plongé rapidement dans le monde des affaires pour soutenir et planifier la croissance de cette jeune entreprise. Malgré l'inexpérience du groupe, il a misé sur l'originalité et l'audace de la jeunesse pour convaincre les institutions financières de participer au projet. Il a développé également un réseau de partenaires à travers le monde pour permettre au Cirque du Soleil de rayonner à l'étranger.

Organisateur de grand talent, Guy Laliberté a guidé ses collaborateurs dans les méandres du milieu du spectacle pour que cette troupe d'amuseurs publics devienne une entreprise culturelle dont les productions sont aujourd’hui acclamées aux quatre coins du globe. À l'aide d'une équipe jeune et dynamique et grâce à ses talents de rassembleur, Guy Laliberté a fait du Cirque du Soleil un joyau du monde culturel québécois.

Ainsi, de la Fête foraine de Baie-Saint-Paul aux grandes capitales du monde, il a démontré que les arts du cirque et de la rue constituent une forme d'expression aussi valable et riche que les disciplines artistiques établies et reconnues.

Marchand de bonheur, Guy Laliberté poursuit encore aujourd'hui son rêve d'améliorer le monde en produisant des spectacles procurant joie et plaisir à travers la planète.

Comme l’écrit l’ancien maire de Québec, Jean-Paul L’Allier, dans sa lettre d’appui à la candidature de M. Laliberté à ce doctorat, et je cite : « M. Laliberté incarne les grandes valeurs que cherche à inculquer l'Université Laval à ceux et celles qui la fréquentent: développer la compétence, le sens de l'initiative, le goût et la capacité d'entreprendre et la confiance qu'il faut en soi-même et dans les autres pour réussir. ». Fin de la citation.

À cet égard seulement, notre doctorant de cet après-midi est déjà un modèle pour nos étudiants et étudiantes. Mais il ne s’est pas arrêté en chemin. Comme le signale monsieur Clément Guimond, du Mouvement Desjardins, dans sa lettre de proposition de cette candidature, « Guy Laliberté améliore le monde également par son action philanthropique. »

En effet, en 2007, Guy Laliberté réalise un second rêve, cette fois philanthropique: il crée la Fondation One drop / Goutte de vie visant à contrer la pauvreté en favorisant l’accès durable à l’eau potable.

Ce projet est inspiré des mêmes valeurs qui l’animent depuis les débuts du Cirque du Soleil : la conviction que ce que l’on donne à la vie nous revient et que chaque geste individuel peut faire toute la différence. Dans la même veine, il avait auparavant créé Cirques du Monde, un organisme d'intervention auprès des jeunes de la rue présent dans une trentaine de villes et métropoles.

Pour mettre sur pied cette fondation, Guy Laliberté a suivi le même processus que pour ses autres entreprises. Voici ce qu’il disait en octobre 2007 : « Pendant plus de deux ans, j’ai consulté des experts mais j’ai aussi demandé à mes employés de faire partie de la première vague de solidarité autour des enjeux de l’eau, d’en être les pionniers. (…) Je veux aussi m’assurer de la pérennité du mouvement que nous allons déclencher avec la Fondation ONE DROP. Je veux que mes propres enfants soient partie prenante de ce mouvement dans 25 ans d’ici, qu’ils deviennent eux-mêmes des acteurs de changement. »

Guy Laliberté ajoutait : « Pour tester nos premières idées, pour vérifier nos premières hypothèses de travail, avant même de lancer publiquement la Fondation, je voulais des résultats. Et ces résultats se confirment dans un projet-pilote que nous avons mis en place, il y a presque deux ans, dans une des régions les plus arides du Nicaragua. »

Planification, implication, essai sur le terrain, souci de pérennité, voilà donc ce qui caractérise l’engagement philanthropique de Guy Laliberté. J’ajoute que sa Fondation One Drop / Goutte de vie, lancée l’an dernier, s'associe de près à Oxfam-Québec pour ses interventions dans le tiers-monde.

En reconnaissant le génie et la vision de cet homme passionné natif de Québec, l'Université Laval retrouve chez ce gestionnaire, ce créateur et ce philanthrope les éléments de sa propre mission auprès de la jeunesse et, je le répète, un exemple pour elle. Ce n'est pas uniquement une reconnaissance du passé, c'est aussi une juste perception de l'avenir.

Pour son action, Guy Laliberté a déjà été honoré à plusieurs reprises. En 1997, il a reçu l'Ordre national du Québec, la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec. En 2001, il fut nommé Grand Montréalais par l'Académie du même nom. En 2003, il fut honoré par le groupe Condé Nast dans le cadre du Never Follow Program, un hommage aux créateurs et innovateurs.

Enfin, Guy Laliberté a été le premier Canadien à remporter le prestigieux prix de l'Entrepreneur mondial de l'année d'Ernst & Young lors d'un gala tenu à Monte-Carlo (2007).

Il a aussi reçu le prix de l’action humanitaire de l'Association des Nations unies de New York pour son engagement en faveur de la mise en œuvre de projets durables d'accès à l'eau par l'entremise de sa fondation One Drop / Goutte de vie.

Monsieur Laliberté, en vous exprimant toute mon admiration et mes félicitations, c’est avec beaucoup de plaisir que je vous invite maintenant à revêtir l’épitoge et à recevoir le diplôme de docteur honoris causa d’université de l’Université Laval.

 
visitez
ulaval.ca
© 2009 Université Laval, tous droits réservés